Avec seulement deux nouveaux cas détectés hier, l’ARS semblait comme confrontée à une anomalie statistique. Dominique Voynet évoquait un « nombre très bas de positifs qu’on est incapables d’expliquer à cette heure », alors que le CHM « a répondu à toutes les demandes de tests qui ont été formulées ».
Toujours est-il que ce ralentissement ne doit pas servir à relâcher la pression sur le virus, dans un contexte où le confinement est déjà difficile à faire respecter, compte tenu des spécificités du territoire.
C’est le premier sujet d’inquiétude évoqué par la directrice de l’ARS. Beaucoup « de témoignages indiquent que les personnes se relâchent, beaucoup doivent aller chercher à manger, à boire, du gaz… » Pour limiter les interactions, « décision à été prise de changer de fusil d’épaule en distribuant des bons d’achat, via les CCAS et les associations, pour l’ensemble des personnes en situation de précarité. Notre décision n’est pas politique, elle est sanitaire » indique Mme Voynet. Laquelle modère lesdits témoignages en constatant que globalement « les gens respectent plutôt pas mal le confinement ». Et d’ajouter une touche de compréhension. « Ce serait inhumain de demander de ne pas s’attrouper pour récupérer un mandat, une copie de baccalauréat ou une bouteille de gaz. »
« Pour l’eau la décision a été prise de réinstaller des rampes dans les communes qui l’ont demandé pour les quartiers où il n’y a pas l’eau courante. Il y a aussi une réflexion pour ouvrir des lieux publics pour distribuer de l’eau en évitant les attroupements. »
Un métier à apprendre sur le tas
Sa deuxième préoccupation, c’est la logistique. Si la livraison de matériel n’est pas le cœur de métier de l’agence régionale de santé, deux personnes ont été affectées à temps plein à cette nouvelle mission, et elle est complexe. Si les vols commerciaux sont suspendus, » il y a un pont aérien et un pont maritime » rappelle Dominique Voynet. Or, le pont aérien passe par La Réunion, ce qui nécessite une organisation de tous les instants. Saint-Denis voit se poser depuis Paris trois avions commerciaux et un avion cargo chaque semaine. De là, deux 787 approvisionnent Mayotte, qui émet une forte demande en fret, sanitaire mais aussi alimentaire.
Tandis que le préfet de La Réunion a réclamé un avion cargo supplémentaire, Mayotte plaide pour des 787 spécialement dédiés à ses besoins. L’idée étant de gagner du temps, et de ne plus devoir attendre qu’un appareil ait déchargé les produits destinés aux Réunionnais, avant de pouvoir décoller pour Mayotte.
« C’est un métier nouveau qui nous conduit à beaucoup de manipulations et à gérer dans l’urgence des demandes, des ruptures de stock inattendues dans certains services. On se retrouve parfois en tension sur certains produits » indique la directrice de l’ARS.
Gare aux gants
Sur la question des gants et masques, pas de souci pour le CHM assure la directrice de l’ARS. « on a un stock conséquent pour l’hôpital, et 11 palettes arrivent avec le prochain Mistral ». Pour les autres services, ceux en tissu made in Mayotte sont attendus. « La préfecture en a commandé 5000 par semaine, un chiffre qui pourrait doubler. L’ARS en a commandé quelques milliers pour des professionnels en contact avec des personnes vulnérables mais pas malades, comme en crèche » poursuit-elle. Le but étant de réserver les masques de conception médiale au personnel soignant qui en a naturellement le plus besoin.
En revanche, Dominique Voynet déconseille les gants hors usage médical. En effet, le port de gants implique souvent de moins se laver les mains, alors que le gant est en contact avec le visage et diverses surfaces, ce qui pourrait être contre productif.
Y.D.