Anyme sort un nouvel album éclectique, « une Mahoraise à la conquête de l’Afrique »

Le nouvel album de Anyme Abdallah a été réalisé avec la collaboration de Moha Landje autour d’un titre phare et emblématique : « Nardjikaze », « Soyons forts ». La chanson livre un message pour la coopération régionale.

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Anyme Abdallah, "un parfum de découverte des spécificités mahoraises" (Image extraite du clip)

Portrait artistique d’une chanteuse épanouie sur les traces de la mondialisation

Native de Labattoir, Anyme Abdallah, la quarantaine épanouie, sort un nouvel album aux sonorités alliant traditions mahoraises et influences africaines. Un mariage réussi, porté par des voix célèbres et une orchestration moderne. L’album compte une dizaine de chansons, qui véhiculent le particularisme mahorais hors des frontières de l’Ile au plus grand lagon fermé du monde.
Le nouvel opus est justement conçu pour aller à la conquête de l’océan Indien sud occidental, plus largement à la rencontre des îles et pays qui bordent le canal du Mozambique, porte ouverte au continent africain. Une collaboration éclectique, avec dix artistes africains, met l’album sur les routes de la mondialisation rêvée par les artistes mahorais renommés dans cette zone géographique, mais aussi, et de plus en plus, en France métropolitaine.

Entre francophonie et expérience anglophone

Une collaboration éclectique, avec dix artistes africains

La voix de l’artiste diffuse un parfum de découverte des spécificités mahoraises, avec des chansons qui prônent l’insertion de Mayotte dans son environnement régional. La connaissance des singularités du 101ème département de France est le credo assumé par cet album promotionnel.
A l’exemple des Antillais qui diffusent leur musique dans la zone Caraïbe, et bien au-delà, Anyme confirme ainsi son statut d’ambassadrice de la musique mahoraise en Afrique australe. Son objectif est de la faire connaître « hors les murs ». Entre francophonie et expérience anglophone, la Mahoraise grandit son territoire en même temps qu’elle élargit sa notoriété.
En effet, depuis 20 ans, Anyme partage sa vie entre l’Europe où elle réside, en Angleterre, et la Tanzanie, plaque tournante de la musique africaine des temps modernes. Ce rayon d’action qui suit les contours de la World Music est un atout dont l’artiste veut faire profiter son île natale et les artistes mahorais avec lesquels elle organise des événements et offre des opportunités de créations artistiques.

Le parcours élogieux d’une altruiste

Le nouvel album d’Anyme est riche de son goût prononcé pour les voyages. Le parcours de l’artiste révèle un talent précoce, un dépaysement formateur, le sens de la collaboration et du partenariat ; cette recette magique a permis à cette « citoyenne du monde », comme elle se définit, de se faire, progressivement, une place au soleil. L’univers du show biz n’a plus de secret pour elle. Après les années d’apprentissage, une longue période de confirmation, elle aborde aujourd’hui les sentiers de la gloire.
Dans la galaxie des musiques du monde, la consécration est longue à venir. Ce qui fait la particularité d’Anyme est d’avoir su bousculer le destin. La jeune fille de Labattoir commence sa carrière fin des années 90, dans l’île de La Réunion où elle a grandi. Adolescente, elle se sent l’âme d’une musicienne et décide de faire partie de divers groupes en vogue.
Patiente, ouverte d’esprit, douée pour les contacts humains, Anyme gravit les échelons pas à pas, avec le sérieux d’une future star. Son altruisme et sa générosité lui servent d’aiguillon pour percer là où beaucoup de talents présumés ou confirmés ont échoué. « On devient facilement amie avec Anyme, elle cultive la fraternité, ce qui est assez rare dans le milieu très concurrentiel du show biz », dit Moha Landje, le compositeur attitré du nouvel album.

Une expérience collaborative inédite

Moha Landje, son compositeur mahorais

A un moment charnière de la vie où ses consœurs mahoraises sont poussées au mariage arrangé, coutumes ancestrales obligent, Anyme débute sur scène avec « ses frères » Alfa et Mtoro Chamou. Elle gagne un concours de danse organisé par Sakis et Mide Pablinto, puis s’envole dans l’Hexagone. La France métropolitaine lui ouvre désormais les bras, elle perce grâce aux conseils d’une célébrité mahoraise, Baco, un compagnon de route bienveillant.
Introduite dans le milieu parisien de la musique africaine, Anyme se produit au Quartier Latin, et dans d’autres endroits sélects, aux côtés de grosses pointures. Le Groupe Loketo lui fait les yeux doux, puis Pépé Kalle. D’autres figures africaines la sollicitent : Abeti Massikini, Tchala mwana, Dindo yongo, Keyster Emeneya, Bozi Boziana, Papa Wemba, Benevindo, Doulcer, Spraya Dora, Reddy Amissi, Sting Las.
Avec cette brochette d’artistes renommés, la « petite mahoraise », de taille s’entend, est mise sur orbite. En 1997, Papa Wemba lui offre le studio pour enregistrer sa première chanson intitulée « Satisfaction Maman », suivie du titre « Soubira ». A Mayotte, ses fans s’extasient pour cette réussite inespérée. Anyme devient la première chanteuse mahoraise à sortir un Album. Une étoile est née d’expériences collaboratives multiples et variées. Désormais, elle entame les tournées partout dans le monde pour sa promotion.

De Labattoir à Londres en passant par Paris

On dit des insulaires qu’ils sont viscéralement attachés à leurs racines, à leurs origines. Cette caractéristique désigne aussi Anyme qui n’a jamais cessé de représenter son île hors frontière. Elle revient souvent sur le territoire de son enfance pour puiser de l’inspiration, à la rencontre de ses fans et de ses collaborateurs. « Son cœur bat pour Mayotte », constate Émile Barège, un mentor avec qui elle a composé beaucoup de chansons et sorti plusieurs albums. Ensemble, ils ont permis que le rêve d’une jeune fille « rebelle » et ambitieuse devienne réalité.
Installée à Paris, Anyme continue sa carrière solo en faisant les premières parties des grandes scènes comme le Zénith, Le Dôme de Marseille, le Bataclan, etc. Le travail régulier dans ces cercles prestigieux est formateur. Elle participe au clip « Complice » de Papa Wemba et apparaît souvent en bonne compagnie, avec les Quattro plus 1 par exemple.
Forte de ses collaborations qui ouvrent de nouveaux horizons, Anyme décide au tournant de l’an 2000, de partir vivre en Angleterre. Une aventure palpitante commence à Londres, capitale du « melting pot ». Elle rencontre Omar Soilihi qui compose l’album « Toilaka », divorce en shimaore, titre qui fait un tabac dans une île où l’islam est roi : la polygamie est alors en voie d’abolition sur le territoire, tout comme la répudiation de la femme, remplacée par l’institution du divorce légal.
A rebours des traditions, Anyme devient ainsi le porte-voix d’une génération de femmes mahoraises « émancipées, autonomes et indépendantes », en lutte pour le changement des mentalités, chose permise par l’évolution institutionnelle d’une Collectivité territoriale de la République française qui entre graduellement dans le droit commun départemental.

Des stars africaines chantent Mayotte

Anyme en duo

Exilée volontaire en Europe, mais toujours à l’écoute des événements qui lui parviennent du village, Anyme profite de sa notoriété grandissante pour changer de vie. Bien accueillie en Grande Bretagne, elle saisit les chances qui s’offrent à elle, notamment la possibilité d’élargir son public dans la sphère d’influence anglophone, en particulier en Tanzanie, berceau du monde swahili dont Mayotte fait également partie.
La chanteuse mahoraise devenue une artiste franco-africaine reconnue se muent alors en chef d’entreprise. « Le métier de manager est un créneau qui manquait dans le paysage musical mahorais. Il fallait combler un vide. Je me suis lancée sans trop réfléchir aux conséquences », dit la manageuse. Par esprit d’entreprise, Anyme décide donc de se consacrer à l’organisation événementielle, lance des festivals dans sa ville d’adoption. Avec des appuis solides, la greffe prend. La voici pleinement engagée dans l’univers du show business, actrice de son propre avenir et soutien à l’émergence de nouveaux talents : 70 artistes travaillent avec elle, dont des jeunes formés dans des écoles de musique.
Depuis 2006, l’entrepreneuse de spectacles invite des groupes de Mayotte et de tout l’archipel des Comores ainsi que du département de La Réunion pour participer aux festivals.?En 2016, fruit de contacts professionnels constitués en réseau, elle était invitée en Tanzanie, sa base de travail, en partenariat avec différents ministères qui financement ses projets artistiques. Le nouvel album d’Anyme a ainsi bénéficié de l’apport de plusieurs artistes de l’East Africa, dont le Tanzanien Christian Bella. Tous chantent Mayotte et prêtent leurs voix à la promotion de l’Ile sur le continent africain et à l’international.

Une femme hors du commun

Après la Tanzanie où elle valorise la culture mahoraise, c’est maintenant le Zaïre qui sollicite Anyme pour organiser des festivals. Du monde swahili, elle bascule dans l’espace bantou, deux univers d’où la population mahoraise tire ses origines. L’expérience foisonnante de l’artiste mahoraise sert d’exemple. D’abord parce que la diva a su s’imposer très tôt dans un milieu insulaire peu propice à l’épanouissement féminin, et gravir les étapes du succès à force de volonté et de travail.
« La société mahoraise demeure traditionnelle à bien des égards. La population de l’île est de confession musulmane. Notre culture bantoue, swahilie, afro-malgache, est lourde à porter pour une femme. Notre environnement géographique est marqué par des symboles machistes ancrés dans les esprits, dans les traditions, les us et coutumes, et ce malgré la colonisation française », observe Anyme.
A la question de savoir si la départementalisation a desserré le carcan religieux et favorisé l’égalité hommes-femmes à Mayotte, l’artiste répond clairement : « La femme mahoraise doit se battre pour trouver sa place, le statut de DOM n’a pas fondamentalement changé son statut social ». L’influenceuse souhaite mener ce combat avec les héritières des Chatouilleuses, ces « mères courages » qui, dans les années 60 et 70, ont lutté pour que Mayotte reste dans la France, au moment de l’indépendance des Comores, en 1975. Anyme rend hommage à ces combattantes de la liberté dans son dernier album, avec la conscience que les femmes ont fait l’histoire contemporaine de l’île, désormais connue comme le 5ème département français d’outre-mer depuis 2011 et la 9ème Région ultrapériphérique (RUP) de l’Union européenne depuis 2014.

A visionner en cliquant ici. https://www.facebook.com/landje.moha/videos/10216547542106392

Zaïdou BAMANA, Journaliste écrivain, éditeur

Nardjikaze : « Soyons forts »
Le titre phare de l’album est emblématique : « Nardjikaze », traduisez, « Soyons forts ». La chanson livre un message pour la coopération régionale. Dix guests stars invités par Anyme font l’éloge de Mayotte, qu’ils découvrent à travers la musique typique des îles limitrophes du continent noir, certains apparaissent sur le clip promotionnel : INNOVATOR, KITA, BEN MAVOKALI, WISE CHAI, YA RANGE, TECKLA MWAKYEMBE, MALU (Zaire/Tanzanie).

Moha Landje, le compositeur attitré
Depuis 2011, Anyme a trouvé en Moha Landje un collaborateur fidèle, qu’elle chapeaute pour lancer sa carrière de musicien accompli. Après des études de musicologie au Conservatoire national de Rennes, financées en partie par une bourse du Conseil général de Mayotte, ce dernier a travaillé avec tous les artistes mahorais aujourd’hui connus en métropole. Auteur, compositeur et arrangeur, sa formation musicale est mise au service des compatriotes qui le sollicitent pour donner une note syncrétique à leurs œuvres, axée sur la double culture traditionnelle et mondialiste. A travers trois albums réalisés en concertation, Anyme a permis de révéler les compétences de Landje, que le public peut découvrir dans un premier album en cours de finition.

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