« Il faut se servir de cette épidémie comme outil pédagogique », explique Gilles Halbout

Depuis l’annonce du président de la République d’une rentrée scolaire sonnant le glas du confinement à partir du 11 mai, le recteur Gilles Halbout consulte à tout va. Après avoir rencontré les parents en début de semaine, c’était au tour des maires ce jeudi, et les enseignants la semaine prochaine. Des premières ébauches commencent à se dessiner.

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Gilles Halbout , le recteur

La presse nationale relaie l’inquiétude des parents en métropole. Quelles sont les demandes à Mayotte où les établissements sont en surcapacité ?

Gilles Halbout : « Tout d’abord, je voudrais dire que nous suivrons les préconisations de l’ARS de Mayotte. Et tant que l’école ne sera pas prête, on diffèrera. Pour qu’elle le soit, les parents ont formulé des demandes, que je transmets aux maires : la désinfection et le nettoyage des classes et des sanitaires avant la reprise, le lavage régulier des mains avec du savon, du gel hydroalcoolique, des consignes claires sur le port du masque, et un protocole d’identification des enfants contaminés. »

Si le feu vert est donné sur le plan national, comment allez-vous échelonner la reprise ?

Gilles Halbout : « Les préconisations du président de la Républiques portent sur l’accueil des élèves dont le lien a été rompu pendant le confinement, en plus des enfants du personnel soignant et des forces de sécurité intérieure. Je pense notamment aux élèves des filières professionnelles pour lesquels l’enseignement à distance n’est pas adapté. Pourraient aussi être prioritaire les 3ème, à l’heure où ils doivent faire des choix. Nous avons plusieurs options, on peut proposer une rentrée par niveau de classe au collège et par filières pour le lycée, nous listons le champ des possibles. Les classes en rotation pourraient adopter une alternance tous les deux jours.
En s’inspirant de ce qui se fait dans d’autres pays, le plan gouvernemental de déconfinement donnera des consignes sanitaires et de distanciation sociale. »

Il va falloir réorganiser l’espace dans les classes

Justement, si les recommandations doivent tomber du gouvernement, quel est l’intérêt d’enchainer les consultations en local ?

Gilles Halbout : « Précisément parce que Paris prendra les décisions en fonction des remontées que nous ferons. Il y aura des règles nationales, avec des préconisations adaptées au territoire. Par exemple, s’ils conseillent les rotations pour alléger les classes, on ne pourra pas les mettre en place ici, puisqu’elles existent déjà ! »

Quand allez-vous rencontrer les enseignants ?

Gilles Halbout : « Etant donné qu’ils sont censés être en vacances, j’ai préféré les recevoir la semaine prochaine. »

Des syndicats réclament le nettoyage des écoles mais sont sceptiques sur l’action de certains maires…

Des images que l’on ne veut plus voir d’absence de nettoyage dans les sanitaires

Gilles Halbout : « Je rencontre les maires ce jeudi. J’ai débattu de ce sujet avec le préfet et la directrice de l’ARS, autour d’un souhait partagé, que cette phase de déconfinement serve pour l’avenir. Il faut que le nettoyage régulier des toilettes, que le nettoyage régulier des mains, que le nettoyage régulier des établissements, deviennent la norme à plus long terme. Nous serons intransigeants. »

On observe une stabilité du virus qui touche pour l’instant 0,07% de la population de Mayotte. Comment évaluer le risque réel pour les enseignants ?

Gilles Halbout : « Nous ne savons pas si le virus circule et donc quel est le risque. On ne sait pas non plus si l’ouverture des écoles va accélérer ou pas la diffusion. Nous allons doter tous les enseignants de masques, et préconiser que les personnels âgés, ou souffrant de pathologies lourdes, restent chez eux. Si je n’ai pas d’information sur la circulation épidémique, la photo actuelle de la situation correspond davantage à Taïwan, avec une immunisation progressive de la population. Dans ce pays, les écoles n’ont jamais cessé et pourtant le virus est présent. »

Mais nous n’avons pas la culture asiatique !

Reprise des collations scolaires (Image d’archive)

Gilles Halbout : « Oui, mais en scolarisant les enfants, nous allons mettre en place des modalités pédagogiques sur les aspects éducatifs et les gestes barrières, pour accélérer la prise de conscience chez les élèves. On peut se servir de cette épidémie comme outil pédagogique sur le long terme. Mayotte pourrait ainsi devenir un exemple dans la région. Ça serait pas mal, non ?! »

La collation scolaire sera-t-elle remise en place ?

Gilles Halbout : « Oui, avec une adaptation de la quantité en fonction des modalités de la reprise. »

Et pour le secondaire, quel est le risque ?

Gilles Halbout : « Plus les élèves sont grands, moins il y a de risques, sauf dans les filières professionnelles. Là, il va falloir mettre en place une organisation propre, chacun devant manipuler ses propres outils, avec là aussi, des conditions d’hygiène à conserver par la suite. »

En l’état actuel des choses à Mayotte, la date du 11 mai sera celle de la reprise ?

Gilles Halbout : « Il y a beaucoup de préalables, dont ceux que nous venons d’évoquer. De plus, je souhaite que les enseignants puissent profiter eux-aussi des premiers jours de déconfinement et s’aérer avant de reprendre les cours. Il y aura donc quelques jours de congés autour de la date de reprise.
C’est aussi un défi pédagogique qu’il faut mettre en place, car nous aurons des élèves en présentiel et d’autres à distance. Et si nous dédoublons des classes, des enseignants devront se partager des niveaux différents.
Je veux quand même souligner que les enfants qui se retrouvent massés sur des terrains de foot ou que les bandes qui alimentent les tensions inter-village, sont mieux à l’école pour se construire et apprendre. »

En conclusion, le recteur prône « la simplicité et la prudence », « nous ne déciderons rien qui puisse mettre les enfants et les professeurs en danger ».

Propos recueillis par Anne Perzo-Lafond

10 Commentaires

  1. Réponses dignes du gorafi
    Des masques alors qu il fait 32deg le matin à 7h ds les classes
    Des gestes barrières impossibles
    Ces réponses sont du bla-bla-bla institutionnel
    Je comprends que l on veuille réouvrir des écoles mais la désinfection des locaux par des mairies inexistantes comme à pamandzi par exemple on va rire longtemps

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