Depuis le début de la crise, on a vu le conseil départemental déployer ses compétences majoritairement sur deux domaines : l’organisation de la distribution alimentaire aux plus démunis, et le soutien conséquent au monde économique. Mais on sait moins qu’il participe à la gestion de la crise en COD présidé par le préfet.
Jugeant que la photo du Centre Opérationnel Départemental quotidien, manquait de couleur, le 4ème vice-président chargé de la Santé et du social, Issa Issa Abdou, s’est épanché sur l’épaule du préfet. C’est lui qui préside cette instance en supervisant l’ensemble des services de l’Etat, et accueille aussi les partenaires concernées par le cadre de la crise, en l’occurrence l’ARS, le CHM, le rectorat, etc. C’est l’oreille attentive de Jean-François Colombet qui lui a ouvert sa porte pour participer aux COD tous les jeudis matins, suivis par une audioconférence pilotée par le représentant de l’Etat, partagée avec les parlementaires et les maires.
« Lors du COD, nous abordons tous les aspects du territoire impactés par la crise », explique l’élu, tout désigné pour représenter le président du Département, en tant que porte d’entrée de la Santé et du social au CD, et président du conseil de surveillance du CHM. Le préfet s’en félicitait devant les journalistes, « lors de la gestion de cette crise, la coordination est parfaite avec le conseil départemental. »
C’est l’occasion pour le 4ème vice-président d’avoir en direct les comptes rendus des derniers échanges avec la rue Oudinot ou Matignon, « par exemple, j’avais sollicité le recours à la réserve sanitaire en collaboration avec Santé Publique France, nous écoutons de toute façon l’avis de Dominique Voynet. » Des échanges francs, qui se font « sans gants », et qui permet aux deux « têtes » du territoire d’élaborer une feuille de route, et de dresser un bilan hebdomadaire. Issa Abdou prend ensuite le chemin du conseil départemental où il partage ses informations en Comité de crise qu’il pilote. « Nous avons par exemple ainsi pu élaborer un protocole sur les décès en période de Covid, qui tient compte de l’avis du Grand Cadi, ou programmé la commande de 850.000 masques chirurgicaux en commun ».
« On ne peut pas laisser les élèves avec une année blanche »
Très attendue, elle a fait face à des « impondérables », sous la forme de capacités de transport insuffisamment aménagées dans les dessertes bihebdomadaires d’Air Austral, « selon nos informations, c’est sur la bonne voie ». Une commande financée par le conseil départemental, qui sera réquisitionnée par l’ARS pour vérification, et dispatché ensuite au personnel soignant, prioritairement, « c’est réglementaire, l’Etat finance d’autres matériels de protection ».
Le sujet qui alimente les conversations plus encore que dans le reste du pays, c’est la date de déconfinement et de rentrée scolaire. Un sujet qui n’a pas encore été abordé en comité de crise au CD, mais sur lequel l’élu veut s’exprimer personnellement : « Je pense qu’il faut commencer, quitte à ce qu’on tâtonne et qu’il y ait des ratés. A la condition que cela soit progressif, avec des effectifs réduits et des gestes barrières alimentés par du savon, du gel, des maques, etc. Et je dis ça aussi en tant que parent. Car si on veut être prêt pour une rentrée en août, c’est avant qu’il faut corriger les erreurs et les insuffisances. »
Et pour cela, il fait confiance « au meilleur recteur de France qu’est Gilles Halbout », un jugement qu’il certifie sans emphase : « La posture « ça ne marchera jamais » n’est pas tenable dans le contexte d’un virus qui est peut-être encore là pour un moment. On ne peut pas laisser les enfants passer une année blanche dans un contexte de foyers peu dotés d’internet, et quand c’est le cas, de difficultés pour les mettre au travail. Arrêtons de nous mettre en marge de la République pour des postures. » Parallèlement, le Département organise la reprise de service des agents en présentiel.
Management réussie d’une vaste opération de distribution alimentaire
Reprenant sa casquette de responsable du social, Issa Abdou se réjouit de l’aide accordée par le gouvernement de 150 euros par foyers bénéficiaires du RSA, avec un supplément de 100 euros par enfant : « Nous allons voter un avis favorable à ce décret, en réclamant une nouvelle fois une convergence sur le niveau national d’un RSA qui se monte à 50% ici. » L’Etat ayant repris le financement du RSA socle, laissant au département la petite partie sur l’insertion, des actions ont été mises en place, « notamment à travers les garages solidaires qui permet au public fragile de s’insérer. »
Même s’il ne le met pas en avant à grand coup de communiqués, une autre grosse réussite, c’est l’opération de distribution alimentaire. « Nous avons versé une subvention de 2 millions d’euros pour toucher 6.000 familles à travers les Centres communaux d’action sociale qui ont tous signé une convention avec nous. » En prenant en compte les préalables de distanciation sociale, de gestes barrières, « d’anonymat et de discrétion pour préserver la pudeur des familles », des paniers d’un montant de 110 euros sont distribués soit en bons d’achat comme à Chirongui, soit en colis. « Nous avons mis en place un comité de pilotage qui suit l’achat et la livraison, et qui encadre les destinataires. » Ils ont été choisis grâce à un recoupement entre les listes des CCAS, « qui sont parfois politisées », et celle du Département, « élaborées par des associations et des agents qui n’ont pas d’intérêt dans la commune ». L’opération sera renouvelée le mois prochain.
Enfin les UTAS sont disponibles pour accueillir par téléphone toute demande de bons alimentaires par les plus fragiles, qui sera ensuite validée. « Le comité de pilotage du Département suit toutes les étapes, avant, pendant et après. » L’implication, le secret d’une réussite.
Anne Perzo-Lafond