C’est une affaire aux multiples facettes qui a conduit au blocage de l’accès au tribunal ce lundi. Une centaine de manifestants venus pour beaucoup de Petite Terre était venue soutenir deux hommes soupçonnés d’avoir enlevé et violenté un jeune de 23 ans. Ce dernier, connu de la justice, aurait quelques jours auparavant frappé le frère d’un des mis en examen.
Trois hommes, les deux déférés ce lundi et un troisième toujours recherché, ont enlevé le jeune de 23 ans et l’ont emmené aux Badamiers pour le battre, selon les auditions des deux mis en examen qui ont reconnu ces faits.
A l’issue des auditions ayant mené à ces aveux, les deux hommes ont dont été mis en examen des chefs de violences, enlèvement et séquestration en vue de commettre un crime ou un délit. En cas de procès, ils risquent la cour d’Assises, et jusqu’à 30 ans de prison.
Mais ces faits, déjà graves en soi, pourraient prendre une tout autre tournure. En effet, la victime n’a toujours pas été retrouvée depuis jeudi dernier. Selon ceux qui ont reconnu l’avoir enlevé, le jeune homme aurait pris la fuite alors qu’ils étaient en train de le ramener chez lui.
Mais un témoignage vient jeter un doute sur cette affirmation. L’oncle du disparu dit avoir lui aussi été kidnappé par les mêmes hommes, et conduit dans une cour. Selon le parquet, il aurait été libéré car il avait reconnu un de ses geôliers. Ces derniers lui auraient alors dit qu’il avait plus de chance que son neveu, et qu’il ne reverrai ce dernier que pour ses funérailles. Une déclaration assez inquiétante pour que les autorités ne craignent une issue funeste, qui pourrait mener à une requalification des faits.
Par ailleurs, le général de la gendarmerie de Mayotte Philippe Leclerq déplore les obstructions ayant empêché ses hommes d’enquêter pour retrouver le disparu. Des « troubles à l’ordre public » ont selon lui éclaté à chaque fois que les gendarmes ont voulu enquêter aux Badamiers, et la maison des parents du disparu a été vandalisée.
Le procureur et le général mettent en garde contre toute formation de milice « intolérable en France » et promettent de poursuivre toute personnes qui serait complice de l’enlèvement.
Dans le même temps, le général a tendu la main au collectif qui a manifesté devant la gendarmerie puis devant le tribunal, assurant que sa porte « reste ouverte » à toute association désireuse de nouer un partenariat avec la gendarmerie. Dans le cadre de la loi française, mais en aucun cas pour la remplacer. « Il n’y a qu’une seule loi » a rappelé le procureur.
Des cris de joie ont accompagné la libération des deux mis en examen.
Y.D.
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