Les degrés Celsius ont bien raison du Covid, révèle l’Académie de médecine

La diffusion modérée du virus en Afrique et dans les départements français ultramarins, a servi de base à une étude encourageante : chaque degré Celsius supplémentaire affaiblit un peu plus le virus.

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Académie de médecine, Mayotte soleil
Chaleur et virus ne font pas bon ménage

Les premiers à se pencher sur la question furent des chercheurs américains et britanniques. Ils avaient observé le comportement du virus dans l’hémisphère sud, quand le nord était encore en hiver. Ils concluaient non sur une affirmation, mais un soupçon d’espoir sur l’action de la chaleur et de l’humidité sur ces territoires.

Ces travaux montraient que l’élévation de la température et du taux d’hygrométrie (humidité) affecte la viabilité du virus et réduit le nombre d’infections, rapporte l’Académie nationale de Médecine qui s’est à son tour penchée sur le sujet. « L’importance de cette corrélation a pu être quantifiée, une augmentation de 1 degré de température étant associée à une diminution de 3,1 % des nouveaux cas et de 1,2 % des décès* ».

Un espoir qui se concrétisait donc, et dont l’Académie a voulu avoir le cœur net. Une enquête a été réalisée sous sa supervision, à partir d’un réseau de 19 médecins, pharmaciens et cadres de santé exerçant en zone tempérée (France et Italie), en zone africaine intertropicale (Sénégal, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Mali, Togo, Gabon) et dans les DOM/TOM (Guadeloupe, Martinique, La Réunion, Mayotte, St Martin, St Barthélémy,
Nouvelle Calédonie).

L’objectif était d’étudier l’influence de la température sur la diffusion du Covid 19 en comparant les données issues des zones intertropicales avec celles des pays européens. Chaque correspondant local a établi des relevés hebdomadaires à partir du premier cas déclaré en discernant les cas confirmés selon la définition de Santé Publique France, les cas « importés », les cas « autochtones » permettant d’établir l’indice de diffusion, le nombre d’hospitalisations et le nombre de décès. Les températures moyennes hebdomadaires, exprimées en degrés Celsius, ont été relevées, ainsi que les densités de population, l’arrivée groupée de voyageurs malades, la prise éventuelle de chloroquine et le respect des mesures de confinement.

Risque de saisonnalité dans l’hémisphère nord

Académie de médecine, Covid, Mayotte
Intégrer le facteur climatique dans les modélisations

Les résultats de cette enquête montre que quand le taux de diffusion est de 2,67 en Europe pour une température moyenne de 11,2°C, il baisse à 0,03 en Afrique subsaharienne par une température moyenne de 34,8°C. Très encourageant, comme le souligne l’Académie de médecine : « Ils confirment les observations selon lesquelles les climats chauds ont un effet réducteur sur la transmission de SARS-CoV-2 et confortent l’hypothèse d’une influence saisonnière du climat sur l’épidémiologie de la Covid-19 dans les pays tempérés. »

Sur la base de ces données préliminaires, l’Académie de médecine recommande dès à présent d’intégrer le facteur climatique dans les modélisations du phénomène épidémique et de prendre en compte les prévisions météorologiques dans les instances décisionnelles relatives à la gestion de la crise sanitaire Covid-19. Mais aussi, de ne pas négliger le risque d’un retour de l’épidémie de Covid-19 en hiver en France métropolitaine, « surtout si la circulation du SARS-CoV-2 persiste dans l’hémisphère Sud pendant l’été (l’hiver austral, ndlr), en renforçant les capacités de surveillance, de prévention et de riposte dès le mois de septembre. » A Mayotte, si on note des variations de températures entre l’été et l’hiver austral dans lequel nous allons plonger le 21 juin, la différence dépasse rarement les 10°C. D’autre part, nous entrons dans une saison plus sèche.

D’autre part, l’étude mériterait d’être approfondie sur notre territoire, puisque l’épidémie semble s’être répandue chez nous « anormalement » en raison du contexte décrit ci-dessus. Nous avions évoqué comme explication la densité démographique facilitatrice de la propagation, et la méconnaissance et la difficulté d’appliquer des gestes barrières dans des conditions sanitaires d’hébergement difficiles. En tout cas, on peut saluer l’effet bénéfique de la chaleur constaté dans ce rapport, sans laquelle la situation aurait sans doute été catastrophique.

Lire le rapport de l’Acédémie de médecine sur les Facteurs-climatiques

Anne Perzo-Lafond

* Wu Y et al. Effects of temperature and humidity on the daily new cases and new deaths of COVID-19 in 166 countries. Sci Total Environ. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969720325687#!

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