Les brigades de vigilance citoyennes ne verront pas le jour. Sans autre changement que le nom, ce sont des médiateurs qui vont désormais occuper le terrain pour tenter de prévenir la délinquance.
On se souvient des gilets jaunes, ces bénévoles recrutés par centaines et financés par l’Etat via le commissariat, avaient rapidement été critiqués, malgré leur efficacité inédite, pour la situation administrative de nombre d’entre eux, étrangers en situation irrégulière. Des dérives graves lors desquelles des gilets jaunes ont fait usage de la violence, quand leur rôle devait être strictement préventif, ont achevé le dispositif qui avait, pendant quelques semaines, pacifié Kawéni.
Quelques mois plus tard, Christophe Castaner inaugurait les Maillots jaunes, dispositif similaire mais en nombre très restreint. L’idée était la même mais avec des bénévoles exclusivement en situation régulière. Là encore des collectifs s’étaient insurgés de voir des Comoriens s’engager pour leur quartier, et le dispositif, moins visible, moins efficace, et pas beaucoup plus populaire, a fait long feu.
Restaient sur le terrain les services civiques de la police nationale, encore moins nombreux.
Face au retour des violences urbaines ces derniers mois, il fallait donc reprendre en main le principe de la prévention. L’axe donné par la préfecture était le suivant : alors que les caillassages sont souvent le fait de quelques délinquants suivis par des dizaines de jeunes désoeuvrés, il fallait pouvoir agir sur ces dernier, et réserver la répression aux premiers.
La Conseil départemental avait donc annoncé la création de ces fameuses « brigades de vigilance citoyenne », soit 600 personnes, toutes françaises cette fois, en chasuble et encadrées par 100 cadres en service civique dépendant de différentes associations. Ce jeudi, le dispositif a fait l’objet d’une signature de convention entre l’Etat (via le préfet) et le conseil départemental représenté par son président, avec un nouveau nom moins connoté.
Que des Français de Mayotte
« On a rebaptisé ça en médiation, ce sont des gens qui seront sur le terrain dès le 15 juin, dans des quartiers exposés, pour faire de la médiation auprès des jeunes qui sont dans l’oisiveté et peuvent être instrumentalisés par des meneurs et des voyous » explique le préfet Jean-François Colombet. « Il faut alors les ramener dans le droit chemin via une médiation sociale ».
L’idée sous-jacente est de dissocier ces médiateurs de l’autorité policière pour bien distinguer le rôle de chacun. « Il faut diversifier les réponses, la public délinquant sera traité par la répression, là il s’agit d’éviter que des jeunes ne viennent grossir les bataillons [de caillasseurs], il faut les en dissuader ».
Pour le préfet, c’est « l’effet de masse » qui rendra le dispositif « intéressant ». Le prochain défi sera de trouver et de fidéliser ceux qui seront amenés à parcourir des quartiers sensibles, sans en tirer la rémunération d’un réel emploi.
Y.D.
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