Covid19 : un « orange » qui invite à la prudence

Le passage du rouge au orange sur la carte nationale ne signifie pas pour Mayotte que l'épidémie recule, et ce changement de nomenclature est à prendre avec des pincettes. Des clusters apparaissent encore et le pic épidémique reste dans les nuages.

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Edouard Philippe, déconfinement, Mayotte
Mayotte passe de rouge à orange

« On est orange et ça ne doit pas inciter à alléger notre vigilance » prévenait ce vendredi matin Dominique Voynet, directrice de l’ARS de Mayotte. En effet le changement de couleur n’indique pas forcément un recul de la maladie dans notre département. Il est d’abord le fruit d’un changement de critères pour l’attribution de la couleur, laquelle conditionne les prochaines étapes du déconfinement.

D’abord, le nombre de nouveaux cas a baissé. « Entre 10 et 50, on est en vigilance, au delà de 50, on passe en alerte » indique l’ancienne ministre. Or ces derniers jours, le manque de réactifs a conduit à une baisse des diagnostics, qui fausse les données statistiques. « On a plaidé pour ne pas prendre en compte les tout derniers jours. On est plutot dans la zone d’alerte que dans la zone de vigilance » analyse Dominique Voynet.

Autre critère important, les hospitalisations, notamment en réanimation et aux urgences. Une réanimation saturée était synonyme de zone rouge. Or,  » avec 16 lits il était facile de les saturer et on n’avait aucune chance de sortir de la zone rouge ». De nouveaux critères ont donc été mis en place pour revoir la nomenclature, notamment le taux de positivité des tests, et le fameux R0 (R zéro) correspondant au nombre de personnes infectées par chaque patient en moyenne. Le taux de patients en réanimation est maintenu.

« Si on est en zone orange, c’est sur la base de ces derniers critères » explique Dominique Voynet. Ainsi sur le taux de patients en réanimation, les évasan et le renfort du service de santé des armées ont permis de soulager le service. Moins exposé au risque de saturation, il a ainsi éclairci un peu le rouge, plutôt vif jusqu’alors.

« Si on n’avait pas les evasan, on serait nettement dans le rouge » indique la patronne de l’agence régionale de santé.

Le taux de positivité en revanche a nettement baissé. Après un pic à 50% au cours des dernières semaines, il est tombé sous la barre des 20% selon les tests les plus récents « alors qu’on n’a pas changé notre stratégie de tests. »

Toutefois l’ARS invite à la prudence avec ce chiffre. L’Aïd et la ruée vers les marchés de Majicavo Dubaï risquent d’ici une à deux semaine de générer une nouvelle hausse des cas et de contrecarrer les effets positifs du confinement.

Par ailleurs « on continue à avoir des indications de circulation du virus dans des quartiers déshérités ou précaires, ce qui ne veut pas dire que les patients sont forcément des étrangers en situation irrégulière, on entend des choses qui sont fausses » prévient encore Dominique Voynet. Des quartiers qui ne sont pas les seuls clusters identifiés. Ici, une famille de Sada. Là, des pompiers, ou encore la Poste. Mais le plus inquiétant, c’est le centre pénitentiaire de Majicavo où le coronavirus a été d’abord détecté chez des surveillants. Vu le confinement et la promiscuité de fait au sein de la prison, une campagne de dépistage massif y sera menée.

Enfin, le pic épidémique, attendu d’abord fin mai puis début juin, est désormais devenu totalement flou.

Des spécialistes arrivés avec Annick Girardin sont dubitatifs sur le pic épidémique à Mayotte

« Des épidémiologistes sont arrivés le 22 mai avec la ministre et sont repartis ce matin » indique Dominique Voynet. Ces spécialistes devaient aider à comprendre la circulation du virus à Mayotte et dresser des hypothèses. Ils étaient assez perplexes sur ce qui se passe à Mayotte, avec des signaux qui indiquent que le virus circule, et davantage de cas graves. » Si la réanimation est moins sous tension,  « les hospitalisations durent plus longtemps qu’il y a deux mois, sans pour autant qu’on constate d’explosion de vague. Est-ce un répit ou a-t-on passé le pic, on ne sait pas » conclut la directrice de l’ARS.

Le principe de précaution doit donc continuer à s’appliquer, entre hygiène, gestes barrière et déplacements réduits au nécessaire.

Y.D.

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