Un pistolet de la police en circulation à Combani ?

Le procès d'un jeune, reconnu coupable d'une agression avec arme, laisse perplexe. Le dossier fait état de deux armes, un revolver et un pistolet automatique ressemblant à ceux en usage dans la police et la gendarmerie. Aucune n'a été retrouvée et le condamné est ressorti libre.

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Un Sig P226 à la ceinture d'un policier à Mayotte

« Si on laisse monsieur dans la nature avec une arme et de vraies balles, j’ai peur de ce qui pourrait se passer » s’inquiétait le substitut du procureur quelques minutes avant le jugement qui allait conduire à la libération de l’intéressé. Ses réquisitions portaient sur un jeune de 20 ans habitant à Combani. Il lui était reproché d’avoir, le 10 juin en fin de matinée, tenté de voler un téléphone sous la menace d’un revolver.
Le matin-même, une de ses connaissances avait appelé les gendarmes en expliquant l’avoir vu tenter de revendre un pistolet automatique, noir, de marque « SIG ». Or, le SIG P226 est l’arme standard des forces de police et de gendarmerie en France. Or on se souvient qu’en 2018, un policier de la DGSI s’était fait dérober la sienne, il est donc plausible que le pistolet refasse surface. De plus, le témoin explique avoir manipulé l’arme et avoir constaté la présence de vraies balles de 9mm dans le chargeur qui était plein selon lui. Il précise que la culasse était bloquée. Le même témoin explique avoir vu le suspect exhiber une autre arme, un revolver (un pistolet avec un barillet) semblable à celui décrit par la victime de la tentative de vol.

De nombreuses zones d’ombre dans cette agression auraient pu mener à une relaxe au bénéfice du doute, mais il se trouve que l’individu est déjà mis en cause dans deux autres affaires ayant eu lieu en mai, et dans lesquelles des armes de poing sont également évoquées. L’épouse du prévenu avait elle-même affirmé en mai avoir vu son mari avec un pistolet, lequel n’a jamais été retrouvé.

De la prison ferme… mais aménageable

Le tribunal

C’est tout ce contexte inquiétant qui amenait le parquet à réclamer 6 mois de prison ferme, avec incarcération immédiate pour « mettre un coup d’arrêt » à une « errance délinquante ». Me Andjilani, pour la défense, aura bien tenté de pointer des incohérences dans le dossier : la description du suspect de l’agression qui ne colle pas avec les vêtements de son client qui nie les faits, mais admet posséder une fausse arme « trouvée par terre ». Il aura évoqué la présence de gendarmes en civil suite à l’appel du témoin, gendarmes qui auraient donc pu assister à l’agression puisqu’ils surveillaient celui qui n’allait être interpellé que le soit-même dans son banga. Pas de quoi convaincre le tribunal qui a requalifié la tentative de vol en violence avec arme. En effet, une tentative d’extorsion avec arme (la qualification initialement retenue) est un crime et n’aurait pas dû pouvoir être jugé en comparution immédiate. Ménageant la chèvre et le chou, le tribunal a prononcé une peine de 8 mois ferme, mais sans mandat de dépôt. Le condamné est convoqué en septembre pour un éventuel aménagement de cette peine, et le sera ultérieurement pour les faits du mois de mai.

Y.D.

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