Six ans ferme. Dans le box des accusés, le jeune homme, père de trois enfants et en détention depuis 2016, prend acte de sa condamnation sans réagir. C’est que la peine prononcée par le président de la Cour d’Assises n’est « pas une surprise » commente Me Mattoir, son avocate. « C’est le tarif » pour ces vols avec arme, une qualification criminelle, qui sont jugés depuis une semaine au tribunal judiciaire de Mamoudzou. C’est aussi la peine requise par l’avocat général Ludovic Folliet quelques heures plus tôt.
Il n’est certes pas rare que des vols avec arme soient requalifiés en vols avec violence, devenant un délit jugé au tribunal correctionnel. Cette procédure permet un jugement plus rapide, avec des peines souvent plus légères qu’en cour d’Assises. Mais dans ce cas, malgré le casier judiciaire vierge des accusés, le dossier était trop lourd pour être pris à la légère.
La plupart des agressions jugées vendredi et lundi ont été commises entre 2015 et 2016 près de la cascade de Soulou, sur la commune de Tsingoni avec des armes blanches, à chaque fois, de l’argent ou des téléphones étaient dérobés aux promeneurs. Les braqueurs pouvaient se positionner de part et d’autre d’un groupe pour les rançonner, ou leur proposer de les guider avant de sortir un chombo. Un automobiliste qui avait pris le premier en stop fait aussi partie des victimes.
Pour le premier accusé, ce sont pas moins de 11 agressions qui lui ont été reprochées, il a été acquitté pour deux d’entre elles. 11 vols avec arme qui totalisent 35 victimes, dont des enfants. Parmi elles, aucune ne s’est constituée partie civile pour obtenir une indemnisation mais la plupart a fourni une description précieuse de leurs agresseurs.
Six ans, c’est aussi la peine prononcée à l’encontre de l’autre accusé de ce dossier. Ce dernier se voyait reprocher moins de faits, six vols avec arme ayant été relevés à son encontre. L’avocat général demandait 5 ans de prison pour lui. Mais si sa participation à ces braquages semble moindre, son absence à l’audience n’a pas joué en sa faveur. Le jeune homme avait bénéficié en 2018 d’une libération sous contrôle judiciaire, qu’il n’a pas respecté, disparaissant dans la nature. En fuite, il fait l’objet depuis 2019 d’un mandat d’arrêt.
Y.D.