Lundi matin, un témoin a signalé la présence d’un corps en décomposition à proximité de la plage des Badamiers en Petite Terre. Ce mercredi, le parquet de Mamoudzou confirme la découverte, et évoque prudemment la possibilité qu’il puisse s’agir du jeune homme kidnappé et violenté dans ce secteur il y a quelques semaines. Une possibilité qui reste néanmoins à prendre avec beaucoup de pincettes. « Rien ne permet de l’affirmer de façon formelle » insiste Camille Miansoni. Seules certitudes à ce stade : l’endroit où le corps a été découvert permet d’affirmer qu’il n’a « pas été charrié par la mer », exit donc l’hypothèse d’un kwassa chaviré.
Si la prudence est de mise, c’est aussi en raison du caractère hautement sensible du dossier d’enlèvement, pour lequel les mis en examen avaient été acclamés à leur sortie du tribunal sous contrôle judiciaire.
La question qui se pose, c’est si cette découverte macabre vient changer la donne. S’il s’agissait bien du corps du jeune kidnappé, les poursuites pourraient évoluer en enlèvement suivi de meurtre, mais on n’en est pas là, et ce, pour deux raisons.
D’abord, parce qu’on ignore encore l’identité de la victime retrouvée lundi. Le lieu incite au rapprochement entre les deux affaires, mais l’analyse ADN du corps et l’autopsie prévue la semaine prochaine doivent donner plus de renseignements, indispensables à toute autre affirmation.
Deux enquêtes distinctes pour l’instant
Ensuite, et ça découle du point précédent, la découverte de ce corps a donné lieu à une enquête pour, d’une part identifier la victime, et d’autre part, déterminer les causes de la mort. Cette enquête, menée par le parquet, est donc bien distincte de l’instruction menée par un juge indépendant des services du procureur. Si le test ADN venait à matcher entre le corps découvert et la victime de l’enlèvement, les deux dossiers seraient joints et l’affaire se poursuivrait, sous le secret de l’instruction.
La distinction est particulièrement importante, en effet, les peines encourues pour un enlèvement vont de 5 ans en cas de libération rapide et jusqu’à la perpétuité si la victime décède.
Or, la présomption d’innocence s’applique, il est donc urgent… de prendre son temps et de laisser la justice faire son travail.
Y.D.