Des patrouilleurs maritimes pour les outre-mer… sauf à Mayotte

Mayotte a accueilli sur son territoire un président de la République et un ministre de l’Intérieur qui ont tous les deux affirmés la priorité donnée à la lutte contre l’immigration clandestine sur le territoire. Dédier à Mayotte un des six patrouilleurs en construction serait donc cohérent.

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Patrouilleur, Mayotte, Marine nationale
La Boudeuse sur le lagon en janvier 2010 (Photo : JDM)

En décembre 2019, la Marine nationale passait commande de six patrouilleurs d’outremer (POM) au chantier SOCARENAM qui avait remporté l’appel d’offre. Emmanuel Macron avait lui-même annoncé aux Assises de l’économie maritime, cette décision inscrite dans la Loi de programmation militaire : « J’ai décidé de renforcer encore la protection de nos espaces maritimes (…) Nous nous dotons ainsi d’une capacité inégalée et jamais acquise jusqu’alors sur le plan maritime pour protéger nos espaces et d’assumer ce rôle de puissance maritime d’équilibre ».

Ces unités seront affectées à la surveillance des espaces maritimes en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie et à La Réunion, et seront équipés de drones, explique latribune.fr.

Renseignements pris, Mayotte n’est réellement pas concernée par cette commande, qui cadre pourtant avec nos besoins et les annonces successives de renforcement de la surveillance de la zone de transit des kwassa, doublé de l’utilisation de drones. La lutte contre l’immigration clandestine était en effet au centre de la visite du président Macron en octobre 2019, qui avait installé l’opération civilo-militaire Shikandra et l’arrivée d’intercepteurs supplémentaires.

Une capacité de balayage de la zone supérieure

Patrouilleur, Mayotte
La Boudeuse accostée en Petite Terre en 2010 (Photo : JDM)

S’ils sont nécessaire, ainsi que les deux vedettes de surveillance côtière Verdon et Odet, ils n’ont pas le même rôle qu’un patrouilleur, nous explique un acteur du transport maritime à Mayotte : « Les Verdon et Odet sont des bateaux de ‘faible potentiel’ contrairement à un patrouilleur qui a une capacité de quadriller la zone sur une longue durée. »

Un patrouilleur, Mayotte en avait eu un, la Boudeuse, jusqu’en 2010. « Mais avec la Rieuse, il s’agissait d’une série peu fiable, qui avait connu de nombreux problèmes techniques. Ce ne sera pas le cas pour la nouvelle génération en construction à Boulogne-sur-Mer. »

Au niveau de l’entretien, qui avait manqué de compétences pour la Boudeuse, le chantier Naval de l’océan Indien (CNOI) où ont été construites les dernières barges, vient en mission régulièrement à Mayotte, « pour entretenir le Polé et les unités de la Marine nationale. Et pour l’accoster, il suffit de rajouter un petit ponton au quai Issoufali. »

Des drones embarqués

Christophe Castaner à bord du Mtsontso, un des intercepteurs de la gendarmerie

Notre interlocuteur nous apprend que deux patrouilleurs sont prévus à La Réunion, « mais il n’y a aucun enjeu là-bas, il faudrait en baser un ici. Le COMAR couvre La Réunion et Mayotte ». D’autant que les patrouilleurs seront équipés de drones, une solution régulièrement avancée ici pour surveiller à moindre frais, les arrivées de kwassa en provenance d’Anjouan. » Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner de passage à Mayotte avait annoncé depuis un intercepteur, que « l’utilisation de drones est très sérieusement étudiée. »

Demander la présence d’un patrouilleur sur un territoire à enjeux semble logique, « il me semble que la France à plus d’intérêts à protéger dans le canal du Mozambique qu’aux abords de La Réunion, souligne notre interlocuteur, et le fait de mettre un nouveau type de navire en service actif, pourrait inciter à aménager une structure pérenne localement pour accueillir ce type de navire et d’avoir enfin localement un moyen largement dimensionné. »

Un dossier qui mériterait d’être défendu, les patrouilleurs seront livrés à la Marine nationale entre 2022 et 2025.

Anne Perzo-Lafond

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