Possible essai thérapeutique à Mayotte : le vrai du faux

L'annonce prématurée d'un essai thérapeutique contre l'épidémie de Covid-19 a suscité une forte inquiétude à Mayotte et en Guyane. Or, rien n'est fait, et la nature de l'essai, déjà mené en métropole, mérite d'être précisée.

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Une salle de prélèvement

Essai de vaccin, population cobaye, tests sur des humains, les réseaux sociaux regorgent ces derniers jours de paraphrases alarmistes et trompeuses sur l’essai thérapeutique proposé par le Pr Lacombe à Mayotte et en Guyane. La réalité n’a, en fait, rien d’inquiétante ou de polémique.

Un essai va-t-il avoir lieu à Mayotte et en Guyane ?

L’annonce est jugée prématurée par l’Agence régionale de santé de Mayotte qui précise que « rien n’est encore décidé ». Il nous est confirmé que l’infectiologue a bien contacté les services de santé de Mayotte et de Guyane en vue d’un essai thérapeutique, mais des études doivent d’abord avoir lieu pour déterminer si cet essai est réalisable. Les deux territoires d’outre-mer sont proposés pour cet essai car ils sont en zone orange, or le médecin a besoin d’une population où le virus circule encore beaucoup pour mesurer l’efficacité du traitement.

En quoi consiste le traitement « Coviplasm » ?

Contrairement à ce qui peut se lire sur Internet, l’essai thérapeutique promu par l’AP-HP ne concerne ni un médicament, ni un vaccin. Le protocole du Pr Lacombe propose d’utiliser du plasma humain (le composant qui rend le sang liquide et dans lequel « baignent » les globules rouges et les autres composants du sang) issu de personnes guéries du coronavirus et de l’injecter à des patients pour voir si cela permet d’accélérer la guérison de ces personnes malades et hospitalisées. L’essai part du postulat que les personnes guéries disposent d’une quantité d’anticorps suffisante pour vaincre le virus, et que transfuser ces anticorps permettrait de guérir les personnes qui n’en ont pas assez et risquent des complications.

C’est un peu le même principe que la transfusion sanguine (mais avec un liquide épuré) ou de la greffe de moelle osseuse aux patients immunodéprimés : on renforce une personne avec le système immunitaire d’une autre.

Y a-t-il des « risques d’abus », comme des essais sans consentement ?

Le CHM de Mamoudzou

Si le protocole est mis en place à Mayotte et/ou en Guyane, ce qui n’est pas acté, « le CHM communiquera largement dessus » assure l’ARS. Quoi qu’il en soit, l’essai thérapeutique ne pourra avoir lieu que sous surveillance médicale, avec des patients ayant explicitement donné leur accord pour participer à l’essai. On est loin des théories de vaccinations forcées qui fleurissent sur Internet.

Pourquoi une telle polémique alors ?

L’inquiétude a germé en Guyane où l’annonce de cet essai a rappelé l’expérience du vaccin HPV contre la papillomavirus humain. La Guyane était en 2019 un territoire test pour une vaccination massive des jeunes filles et des garçons en vue de les protéger contre le cancer du col de l’utérus. Une démarche vécue comme un « autoritarisme d’Etat », pour laquelle des médecins dénonçaient un risque de conflit d’intérêt. Des thèses complotistes ont achevé d’alimenter une défiance grandissante, quoiqu’irrationnelle, envers les vaccins, et entretenu l’idée d’utilisation peu éthique des outre-mers. L’évocation du test sur le Coviplasm intervient donc sur un terrain déjà propice à l’inquiétude.

Bien sur si l’essai thérapeutique était confirmé, nous en rendrons compte plus en détail dès que possible.

Y.D.

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