Braconnage en direct au cours d’un bivouac des Naturalistes

Ce week-end, comme tous les week-ends depuis le mois de février, l’association des Naturalistes de Mayotte organisaient un bivouac de suivi des tortues marines sur les plages de Saziley. Mais cette fois-ci, l’un des groupes de bivouac s’est retrouvé nez à nez avec deux braconniers qui ont tué une tortue et caillassé l’un des gardes du conseil départemental qui participait à l’évènement…

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Lors d’un braconnage, les tortues marines sont le plus souvent égorgées et dépecées.

Le bivouac de suivi des tortues marines des Naturalistes avait pourtant bien commencé. Plusieurs organismes participaient à l’évènement dont le REMAT (Réseau d’Echouage Mahorais de Mammifères marins et de Tortues Marines), le conseil départemental, le Parc Marin et des vétérinaires du cabinet de Mamoudzou et de Petite-Terre. Le but était de suivre les pontes des tortues marines sur les plages de Majicavo 4 et de grand Saziley. Le groupe s’est donc divisé pour couvrir les deux plages. Mais au cours de la nuit de vendredi à samedi, le groupe de la plage de Majicavo 4 s’est retrouvé nez à nez avec deux braconniers…

De nombreuses carcasses de tortues marines jonchent le chemin qui va de m’tsamoudou à Saziley.

Un garde du conseil départemental blessé

Mohamed Ali, l’un des gardes de tortues du conseil départemental, effectuait sa ronde dans la nuit de vendredi aux alentours de 23h pour compter le nombre de montées de tortues et de pontes, comme à l’accoutumée lors de ce type d’évènement. Soudain, il a remarqué deux individus en train de dépecer une tortue. Il a donc crié pour ameuter les autres membres du groupe et c’est alors que les braconniers se sont mis à le caillasser. Il a été blessé à la tête et à la main. Néanmoins, avec un autre membre du groupe, il a trouvé le courage de rejoindre la plage de grand Saziley où se trouvait l’autre partie du groupe pour les prévenir. Cependant, arrivé là, il s’est évanoui. Michel Charpentier, le président des Naturalistes, a mis tout en œuvre pour prévenir les secours malgré le manque de réseau téléphonique sur les plages de Saziley. Malheureusement, la gendarmerie maritime était occupée à secourir un kwassa chaviré au large de M’tsamboro et n’a pu intervenir. C’est donc la famille de la victime qui a affrété un bateau pour venir rapatrier Mohamed Ali à M’tsamoudou où il a été pris en charge par les pompiers et amené au CHM. A l’heure actuelle, il a repris ses esprits et va beaucoup mieux. Cette aventure montre cependant la dangerosité des braconniers qui sont prêts à tout pour tuer les tortues et récupérer leur viande qui fait l’objet d’un commerce juteux sur l’île.

La police environnementale va monter en puissance

Le lendemain du drame, Jean-Pierre Cadiere, chef d’unité de la police environnementale de l’interco du sud a rejoint le groupe de bivouac pour se mettre au fait des événements de la nuit. Il a déclaré que ce type d’événement était prévisible étant donné le manque d’effectif et d’armement pour lutter contre les braconniers. Toutefois, il a également déclaré que cela allait changer sous peu car la police environnementale a désormais été autorisée à porter des armes non létales pour lutter contre les braconniers. « Cette montée en puissance s’est faite grâce au sous-préfet Jérôme Millet et à la cheffe de cabinet Catherine David », a-t-il précisé.  Il espère que ses effectifs pourront monter à 7 personnes d’ici 2021 afin de pouvoir effectuer une surveillance des plages du sud toutes les nuits et ainsi faire peur aux braconniers.

Jean-Pierre Cadiere, chef d’unité de la police environnementale de l’interco du sud, a déclaré que la lutte contre le braconnage allait monter en puissance très prochainement.

Il s’agirait d’une initiative particulièrement importante étant donné le nombre de cadavres de tortues braconnée que l’on trouve sur les plages de Saziley, mais également celles de Petite-Terre, les principaux sites de pontes de tortues à Mayotte. Lors de la randonnée qui va du village de M’tsamoudou jusqu’aux plages de Saziley, un nombre impressionnant de carapaces braconnées sont visibles le long du chemin et bien souvent une écoeurante odeur de putréfaction s’en dégage.

N.G

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