La mairie de Mamoudzou n’avait pas attendu la veille de la rentrée pour s’atteler aux travaux rendus indispensables. En ce jour de rentrée, seules 2 écoles sur les 36 que compte la communes ont dû décaler leur rentrée, « dans certaines communes, c’est 4 sur 6 », glisse le recteur en forme de satisfecit à l’endroit du nouveau maire présent. Et le type de travaux à effectuer donne une idée des difficultés auxquelles sont confrontées les maires : « A Doujani 2, les toilettes étaient squattés par des jeunes, ils ont été dégradés à un tel point que nous avons dû externaliser les travaux de remise aux normes. L’école pourra ouvrir le 31 août », Ahamada Haribou, DGA Chargé de l’Action citoyenne et de la vie publique à la mairie, se dit confiant.
Car cette crise sanitaire s’avère sur ce point, un mal pour un bien : « Au départ, il s’agissait de mettre en place des points d’eau, mais nous nous sommes aperçus que des travaux de menuiserie étaient indispensable, et, alors que le protocole allégé publié en juillet par le gouvernement impose une ventilation des locaux toutes les deux heures, nous avons entrepris de réparer tous les Naco. » Pour rentrer dans les clous du budget, une décision modificative va réaffecter les 200.000 euros du festival FESCUMA, et la participation à la Course de pneus, « tous deux annulés cette année pour cause de Covid »
L’école Fundi Adé construite en 2018 et visitée par le préfet et le recteur, n’a eu qu’à aligner les lavabos, d’une capacité d’une trentaine de robinets. « Ça m’est égal de devoir me laver les mains souvent, ce que je voulais, c’est revenir à l’école. J’aime tellement travailler et retrouver mes copines », nous expliquent Aïcha et Sarah, deux nouvelles CE2.
Plus de 90% des établissements ouverts
Bilan de cette rentrée hors norme : 17 établissements décalent leurs rentrées sur 184, nous rapporte le recteur Gilles Halbout, « pour la plupart, des travaux commencés cet été et en cours d’achèvement. A Sada, un cas de Covid chez le personnel nous oblige à attendre le diagnostic de l’ARS avant de décider d’ouvrir. » C’est l’organisation qui prévaudra pour toute apparition de nouveau cas : « Cela s’est produit lorsque nous avons ouvert en mai-juin. On signale immédiatement à l’ARS qui contrôle si la personne a respecté les préconisations et nous ouvrons ou pas en fonction. »
Des enseignants manquent à l’appel, « un de nos cadres a signalé une rupture de tests dans les points de contrôle proches de chez lui. » Des problèmes de recrutement, notamment en langue, sont « en cours de règlement. »
L’insécurité s’est encore une fois invitée au programme scolaire. Raïcha et Soifati, élèves de 1ère au lycée de Mamoudzou Nord, nous disaient leurs craintes, en tant qu’habitantes de Majicavo Koropa : « On avait un peu peur ce matin. Comme les tensions entre les jeunes de notre village et ceux de Kaweni ne sont pas retombées, c’est un cousin qui nous a amenées ce matin, car il n’y avait pas de bus. » Papotant avec elle, Eli habite Kaweni, « ce sont des jeunes qui ne sont pas scolarisés qui mettent le bazar. » A côté, des parents d’élèves se disent sereins, pas de craintes particulières chez leurs enfants.
Des mesures ont été prises, indique le préfet Jean-François Colombet devant les médias, « nous avons mis en place un dispositif imposant, et nous avons escorté des bus sur des trajets à risque ». Gilles Halbout se dit satisfait de ces mesures, « il faut maintenant les pérenniser ».
Le partage du gâteau du transport scolaire revient sur la table
Des bus ont donc circulé ce matin, mais sur le quota d’élèves habituellement transportés, la moitié seulement l’ont été. Un dispositif de dernière minute a été mis en place, en raison de la grève touchant le transporteur et gestionnaire du marché, la société Matis. Le marché arrivé à échéance, n’a pas été reconduit à temps par le conseil départemental qui se retrouve pour la 3ème fois coincé par l’échéance, et doit dégager un avenant pour ne pas bloquer la situation. Une nouvelle dérogation qui n’est pas du goût des autres transporteurs locaux qui souhaitent candidater, appuyé par un collectif. Les élus n’osent plus s’engager, bloquant la situation. Le recteur explique suivre ce dossier de prés, en suggérant une ouverture : « Dans un marché au nombre croissant d’élèves, il faut que chacun ait une place ».
Enfin, sur les restrictions en eau potable, Gilles Halbout explique qu’en cas de coupure dans un établissement, il est possible d’attendre un moment, « au bout de deux heures, nous devrons renvoyer les élèves. » Dans le secondaire, il a anticipé le problème en organisant le raccordement des établissements sur le réseau principal ou en commandant des citernes, « elles devraient arriver en octobre-novembre. »
Le recteur ne perd pas non plus de vue les contraintes structurelles de l’île : « En matière de moyens humains et financiers, il faut poursuivre les efforts de rattrapage. » Et dans le primaire, les choses évoluent encore : « Les maires sont volontaires pour inscrire tous les enfants. Nous visons donc la moitié des 3 ans, les trois-quarts des 4 ans et la quasi totalité des 5 ans. Pour cela, et pour éviter les rotations, il faut trouver de nouveaux locaux en attendant l’accélération des constructions scolaires programmées. Des modulaires ou des écoles itinérantes dans les MJC, comme à Koungou, sont en cours de mise en place. » Dans le secondaire, et pour désengorger les établissements mastodontes, une centaine de modulaires ont été commandés, « c’est ponctuel, en attendant les construction des 4 lycées programmées, et les 4 extensions, à Sada, Kawéni, Petite Terre et Kahani ».
Une rentrée qui pourrait ressembler aux épreuves de la quête de la toison d’or pour le recteur.
Anne Perzo-Lafond