« A Mayotte, les pompiers vivent un calvaire, ils sont menacés dans leurs lieux d’intervention, dans leurs casernes, aussi bien à Kawéni qu’à Kahani » déplore le président de la fédération autonome SPP/PATS de Mayotte Colo Bouchourani qui évoque un « raz-le-bol ».
Dans les rangs de la manifestation, les pompiers grévistes scandent leur slogan « droit de retrait Paka T’Cho », droit de retrait jusqu’au bout. Ils estiment que « l’administration nous a tourné le dos ». « Le président du conseil départemental a délégué la présidence du Sdis à sa binôme Moinaécha Soumaila qui ne s’est jamais intéressée à la vie des pompiers, on regrette beaucoup ça, on souhaite que notre conseil d’administration veuille bien discuter avec nous » détaille le syndicaliste. « Ensuite nous avons un directeur, M. Terrien, qui depuis son arrivée a dit qu’on était sales. Nous disons non à ces manières. Mandela a dit « tout ce que tu fais sans moi est contre moi », le directeur doit travailler avec les pompiers »
Déplorant aussi le « pillage » de la caserne de Kahani en juillet, Colo Bouchourani réclame des travaux. « Aucune caserne n’est sécurisée à part Kawéni ».
Sur ce dernier point, la présidente du Sdis exprime son inquiétude.
« Pour la sécurité, je peux entendre le message, c’est normal, ils doivent être en sécurité dans leur caserne comme en intervention. C’est déplorable qu’on en vienne à s’attaquer à ceux qui assurent notre sécurité, c’est inacceptable. Je comprends qu’on manifeste pour cela. On travaille avec la préfecture et l’Etat pour trouver des solutions » assure Moinaécha Soumaila.
« Ce n’est pas un phénomène propre à Mayotte », poursuit-elle. « S’attaquer aux pompiers ça arrive ailleurs. Mais c’est nouveau ici et on préférerait que ça n’arrive pas. Des propositions sont sur la table en CHSCT. Pour prendre du concret, concernant les attaques qui ont eu lieu à la caserne de Kahani, il est resorti du CHSCT qu’il fallait un portail qui empêche les jeunes d’escalader, ça a été entendu. Mais au moment de poser ce portail, revirement, ils veulent un portail électrique, ce qui n’avait pas été évoqué jusqu’au préavis de grève, mais la commande du portail était déjà validée. Il faudrait rajouter 13 000€ ! » La présidente du Sdis fait le constat d’une « incompréhension » entre les parties.
En revanche, elle balaye les revendications sur le départ du directeur Fabrice Terrien, injustifiées selon elle.
« Pour ce qui est de l’encadrement, ça peut plaire comme ne pas plaire, et là ça ne plaît pas, du coup on nous demande de le faire partir, mais ça ne se passe pas comme ça. Pour moi ce directeur fait le nécessaire pour le bien de ce service, je n’ai pas d’éléments concrets pour dire qu’il faille le faire partir. Il a une feuille de route et elle est respectée. Je ne vois pas les motivations. Quand on entend dire que le directeur travaille tout seul, sans les Mahorais je répond qu’il organise des réunions de dialogue social, des instances se tiennent, des décisions se prennent en CHSCT ou en comité technique, ce sont des représentants mahorais qui siègent à ces instances. »
Y.D.