Prison ferme pour une soirée de caillassage

Pendant que les uns étaient confinés chez eux, d'autres "s'amusaient" à caillasser les gendarmes. Trois jeunes de Bandrélé ont été lourdement sanctionnés pour une soirée de chaos et d'alcool.

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Conciliateur de justice, Mayotte
Le tribunal judiciaire

Le 23 avril dernier aurait dû être une soirée paisible à Nyambadao. C’eut été le cas si un groupe de jeunes de Bandrélé n’avait pas décidé de picoler à outrance, et de semer la zizanie, en imitant des comportements désormais aussi habituels que dramatiques.

Vers 22h30, après avoir éclusé quelques packs de bière, les trois potes décident d’un jeu stupide, pioché dans l’actualité. Ils rassemblent de l’électroménager, et montent un barrage en travers de la route. Ils vont plus loin dans la reproduction des échauffourées qui pourrissent la vie des Mahorais en rassemblant des pierres, qu’ils jettent sur les véhicules stationnés alentours, en criant à pleins poumons.

« J’étais chez moi, j’ai entendu des hurlements, et des bruits d’impacts » témoigne la seule victime à s’être déplacée à la barre du tribunal. « Dehors, c’était le bazar, j’ai vu une pierre rebondir sur mon camion, les jeunes avaient l’air alcoolisés ». L’homme s’avance alors pour tenter d’entamer le dialogue, lui qui connaît les jeunes du coin. Mais il doit faire marche arrière, ciblé à son tour par les jets de pierres. « Une pierre a frôlé ma jambe, alors j’ai appelé la gendarmerie. A leur arrivée, j’en entendu des ricochets sur la carrosserie des gendarmes. Plus tard, j’ai constaté mon pare brise cassé et des chocs sur ma carrosserie ».

Le lendemain, les voisins échangent et identifient plusieurs participants à ces faits de violence et d’attroupement armé. « Je leur ai alors donné deux jours pour venir me voir et trouver un arrangement, mais personne n’est venu, c’est un manque de respect total, ils m’ont fait perdre mon temps ». Selon la victime, les jeunes auteurs sont « connus, mais personne d’autre n’ose porter plainte » regrette-t-il.

Ce ne sont donc pas les voisins qui dénoncent les jeunes à la gendarmerie, mais un oncle, qui reconnaît son neveu sur les photos prises par les militaires, et qui conduit à l’identification de deux autres. Et une fois de plus, leur profil surprend. Loin de l’image d’Epinal de l’enfant des rues, immigré abandonné par ses parents, que l’on associe trop facilement aux troubles, ceux-ci sont français pour deux d’entre eux, dont un avec un casier bien rempli qu’il a commencé à étoffer durant son enfance en métropole. Le seul étranger a un casier vierge.

Le substitut Ludovic Folliet réclamait une réponse ferme

« J’ai lu les auditions, leur principale défense, c’est qu’ils avaient bu et ne se souviennent de rien » résume le procureur Folliet qui dénonce une absence totale de « prise de conscience ». Face à ces jeunes qui n’ont pas daigné venir à leur procès, quelle réponse ? « Frapper fort » conclut le parquetier qui réclame de la prison ferme contre ces faits qui se répètent, quoique plus souvent à Koungou qu’à Bandrélé.

« Les gendarmes sont jour après jour confrontés à ce genre de faits, c’est intenable. Le rôle de la loi républicaine, c’est d’inverser cette tendance, ça passe par une réponse pénale sévère et dissuasive » poursuit-il.

Tous les trois écopent in fine d’un an de prison ferme. Celui qui avait un casier voit sa peine assortie d’un mandat d’arrêt.

Y.D.

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