Profitant d’un vent frais parfumé aux embruns, des dizaines de curieux se massaient ce vendredi matin sur la place Zakia Madi à l’entrée du marché couvert. Une place libérée des vendeurs à la sauvette sur laquelle le maire s’apprêtait à présenter un programme de sécurisation du centre-ville.
Pour Ambdilwahédou Soumaïla, malgré les violences de ces derniers jours aux entrées de Mamoudzou, c’est là, à la descente de la barge, que doit se jouer l’avenir sécuritaire de la ville. L’endroit n’est pas choisi au hasard. En plus d’être la porte d’entrée en Grande Terre pour tous les arrivants à Mayotte, c’est aussi un lieu connu pour de nombreuses infractions, de la vente à la sauvette au trafic de drogue en passant par le racolage.
Le nouveau maire a signé devant la presse un arrêté municipal renforçant l’interdiction de la vente à la sauvette dans la commune. Pour lui, sept grands axes sont à développer à partir de cette place : la lutte contre les trafics de stupéfiants et de papiers, contre les incivilités, contre les agressions, contre la prostitution, contre la délinquance routière et, dès lundi, contre les ventes à la sauvette et l’économie informelle. Objectif pour la municipalité : « préserver la tranquillité, la salubrité et l’emploi, notamment des commerçants du marché couvert qui subissent une concurrence déloyale ».
Le sujet est un vieux serpent de mer de la vie politique de Mamoudzou, chaque jour ou presque les vendeurs à la sauvette jouent au chat et à la souris avec la police municipale ou nationale. Ces derniers ont été conviés à la mairie pour évoquer leur devenir, indique le maire. « Nous les avons conviés et ils ont entendu que nous sommes dans un pays de droits et de devoirs. Le droit, c’est pouvoir pourvoir à ses besoins. Le devoir, c’est respecter les lois de la République » développe le maire qui évoque une « relation de confiance qui n’empêche pas le contrôle ».
Dès lors, deux axes ont été évoqués. Le premier, c’est de permettre « à chacun de créer son propre emploi », en créant « un espace dédié » à ces vendeurs, qu’ils soient en situation régulière ou non, mais à condition de « payer les droits » pour s’y installer. Une solution qui pourrait poser problème : difficile d’imaginer comment un marché dédié aux vendeurs informels pourrait voir le jour sans concurrencer les vendeurs du marché couvert, sauf à déplacer le problème ailleurs, et difficile d’imaginer aussi que les vendeurs en situation irrégulière, parfois coincés à Mayotte le temps de l’étude de leur demande d’asile, aillent se parquer dans un espace dédié en y attendant le prochain contrôle de papiers.
Une police municipale renforcée
L’autre volet, c’est donc la répression, plus simple et rapide à mettre en place puisque dès lundi le maire promet une « surveillance dynamique » sur la place. Y a été installé une annexe de la police municipale qui a vocation à rester occupée « 24h/24 », pour assurer la sécurité mais aussi servir de « point d’information et d’orientation », à deux pas du comité du tourisme.
La police municipale sera aussi réorganisée assure le maire qui évoque un renforcement de la vidéosurveillance et de la brigade canine ainsi que des patrouilles à pieds et à vélo notamment.
En outre, l’espace de parking obscur, propice à tous les trafics, sera désormais éclairé en permanence. Là encore au risque de déplacer les activités douteuses dans un autre quartier.
« D’autres mesures seront très prochainement annoncées » promet le maire qui voulait dans un premier temps « lancer un message fort à l’ensemble des concitoyens de Mayotte et à tous ceux qui souhaitent venir, ils peuvent venir tranquillement, Mamoudzou est devenu un territoire apaisé ».
Et si cette petite phrase a pu faire sourire dans l’assemblée à l’aune des violences de ces derniers jours,qu’importe, le maire dit vouloir apprendre et améliorer les choses sur le fil. « Nous prendrons toujours les critiques avec un regard très positif » promet-il.
Y.D.