Un temps avancé, le mobile raciste n’a pour l’heure pas été retenu dans la violente agression de trois demandeurs d’asile bunrundais à Cavani le week-end dernier. Des doutes subsistent pourtant quant au mobile de ce qui est qualifié de tentative de meurtre par le parquet de Mamoudzou. En effet, trois personnes ont été identifiées et mises en examen pour tentative de meurtre. Or, les trois dans les auditions qualifient les victimes comme « les Africains », une dénomination surprenante alors qu’il ressort du dossier que les deux groupes se connaissaient nommément.
C’est d’ailleurs ce qui a permis l’identification des suspects.
Selon l’audition du principal témoin, également victime, qui a reçu une ITT inférieure à 8 jours, les trois comparses arrivés à Mayotte depuis le Bunrundi ont reçu des pierres de la part d’un groupe de natifs de Mayotte. Alors que les trois prenaient la fuite, l’un d’eux chutait. Avant d’avoir pu se relever, il était frappé au sol et atteint à la tête par un coup de parpaing. Quelques minutes plus tard, son ami, plus légèrement blessé, revenait le chercher quand il a trouvé le jeune homme inanimé et a permis son hospitalisation.
Pronostic vital engagé
Ce mercredi selon le parquet de Mamoudzou, l’homme est toujours hospitalisé et son pronostic vital est engagé. Le rescapé de l’attaque a lui reconnu formellement un des assaillants, ce qui a permis l’interpellation de trois personnes en tout, deux majeurs et un mineur. Mardi, tous les trois ont été déférés au parquet puis présentés à un juge d’instruction qui leur a signifié leur mise en examen pour tentative de meurtre. Le juge des libertés et de la détention a, ensuite, décidé le placement en détention d’un majeure, et la libération sous contrôle judiciaire des deux autres mis en cause.
Ces derniers lors de leurs auditions n’ont pas fourni d’explication claire sur les faits qui semblent globalement reconnus. Selon l’un d’eux, la rixe serait partie des Bunrundais qui, alcoolisés, leur auraient jeté « une bouteille », justifiant le déferlement de violence qui a suivi.
L’enquête est désormais suspendue au sort de la victime hospitalisée. De l’évolution de son état de santé dépendra la suite judiciaire de cette affaire.
Hasard du calendrier, une affaire étonnamment similaire était jugée au tribunal de Mamoudzou. Un groupe avait agressé des Africains à Kawéni en 2017, et l’une des victimes avait été lardée d’une vingtaine de coups de couteau, et s’en était sortie miraculeusement. Les deux co-auteurs jugés ce mercredi ont écopé de 2 et 3 ans de prison ferme pour cette agression.
Y.D.