En 2000, c’est Yann Arthus-Bertrand qui avait inauguré avec « La Terre vue du ciel » ce qui allait devenir un cycle semestriel d’exposition de photos sur les grilles du Palais du Luxembourg qui abrite le Sénat.
Cette année, Stéphanie Légeron a candidaté avec un projet bien précis : « Il fallait donner une belle place aux merveilles de l’Outre-mer tout en soulignant la fragilité des écosystèmes, avec un focus sur les espèces menacées. » Elle est retenue, arrive à boucler le budget, et sera la commissaire de l’exposition, notamment sur le rédactionnel.
C’est une bonne connaisseuse de l’outre-mer qui est aux manettes, pour habiter La Réunion, après avoir vécu plusieurs années à Mayotte. Elle a également embarqué sur le Marion Dufresne, livrant un ouvrage magnifique « Escales au bout du monde », sur les Terres Australes et Antarctiques françaises (TAAF).
Les outre-mer français s’affichent donc depuis le 19 septembre 2020 et jusqu’au 17 janvier 2021, « ce sont environ deux millions de visiteurs qui vont découvrir ces richesses que peu connaissent finalement à Paris ».
Côte à côte, le Harfang des neiges et le requin marteau
Les 80 panneaux en 180×120 déroulent les richesses ultramarines, « 30 photographes ont participé à l’exposition proposant 101 photos », et Mayotte est une des mieux représentées, « nous lui avons dédié 14 panneaux, avec essentiellement des clichés de Gabriel Barathieu. » Photographe connu des fonds sous-marins du lagon mahorais, il a créé l’association Deep Blue Exploration, une base de science participative, pour explorer, étudier et faire connaître ces écosystèmes. www.underwater-landscape.com .
Aux côtés du Harfang des neiges de Saint-Pierre et Miquelon, ou des manchots royaux de Crozet, dans les TAAF, s’affichent donc la tortue imbriquée, classée « gravement menacée d’extinction » sur la liste de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), ou le requin marteau, ou encore nos baobabs, « Mayotte est classée 2ème territoire mondial derrière Madagascar pour la diversité d’espèces de baobab ».
Stephanie Légeron poursuit son alerte sur le risque de disparition des espèces localisées : « Les points chauds de la biodiversité mondiale, 2,3 % de la surface de la Terre, dont quatre s’étendent à l’Outre-mer, sont des hauts lieux de la nature particulièrement menacés par les activités humaines. Par définition, chacun d’entre eux recense au minimum 1.500 espèces végétales endémiques et a vu disparaître au moins 70 % de ses milieux naturels d’origine… L’Outre-mer français témoigne ainsi avec force de la crise actuelle de la biodiversité, marquée par la fragmentation des habitats, les invasions biologiques, la surexploitation des espèces, la pollution et le réchauffement climatique. »
A cette occasion, Gérard Larcher, le président du Sénat, rappelle que « le domaine maritime français outre-mer comprend 10 % des récifs coralliens et lagons de la planète et 20 % des atolls. Au total, ce sont plus de 3.450 plantes vasculaires et 380 animaux vertébrés uniques au monde, soit davantage que dans toute l’Europe continentale. »
Sans doute l’occasion de donner des envies de voyage aux métropolitains qui viennent de basculer dans l’automne.
Anne Perzo-Lafond