Le clip rythmé de rap, fait défiler devant l’objectif tout ce qui peut être représentatif de la violence commise à Mayotte, de la petite racaille aux bandes armées, d’habitude de chombos, mais pour l’occasion brandissant des armes à feu, en passant par des dresseurs de chiens en vue d’agressions ou de jeunes cagoulés, simulant un égorgement au moyen de couteaux qui ne semblent pas factices du tout. Avec « des paroles menaçant clairement la population Mahoraise et les forces de l’ordre », souligne Estelle Youssouffa, présidente du Collectif.
Le Collectif a traduit les meilleurs extraits : « On a nos 9mm dans nos ghettos, on va les sortir les tirer dessus leur montrer que nous aussi on sait viser », « On vient foutre le bordel votre village c’est notre territoire », « Sortons nos armes, vieux t’a intérêt d’être fort, cassons les maisons, mettons les feu, incendions ».
Génération Ayiti n’en est pas à sa première, nous avons découvert un précédent clip de cet acabit. Ce qui interroge, c’est que les jeunes, pour la plupart des villages de Majicavo Koropa et Koungou, s’y affichent tous à visage découvert.
Nous avons fait visionner ce clip à un habitant, père de famille, à Koungou. « Ces jeunes je les connais, ils sont contre la délinquance », assure-t-il en souriant. Étonnant d’utiliser cette voie pour dénoncer le pire du territoire, une méthode qui n’est pas sans rappeler celle du clip tourné à Grenoble dans la cité du Mistral, le 24 août, tournant sur plusieurs réseaux sociaux et qui avait provoqué le déplacement du ministre de l’Intérieur. Avant que des jeunes aient lâché que les armes étaient factices pour tourner ce clip de rap.
Des images choquantes que celles tournées à Majicavo Koropa, surtout, comme le rappelle le Collectif, replacées dans le contexte « de violences contre les personnes qui terrorisent Mayotte avec des émeutes sanglantes, des agressions par les coupeurs de route, des incendies volontaires », et de pression migratoire qui affole les compteurs. « Sans action forte de l’Etat pour ramener l’ordre et punir les fauteurs de trouble qui se vantent sur les réseaux sociaux, Mayotte va basculer dans la guerre civile », avance le Collectif.
Anne Perzo-Lafond