Insertion professionnelle : volonté de « jeter des ponts » entre scolaires et entreprises

Malgré son maigre tissu économique fragilisé par les crises,, notre petit territoire doit arriver à intégrer professionnellement une proportion de jeunes inédite sur un territoire français. Le défi semble vertigineux, mais chaque institution retrousse ses manches.

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Dieccte, Medef, Mayotte, Apprentissage
Les jeunes en attente de propositions

La semaine école-entreprise prenait toute son importance en cette année de mesures exceptionnelles prises par le gouvernement en faveur des apprentis. L’objectif de cet événement organisé ce mercredi par le Medef Mayotte, est de mettre en lumière la voie professionnelle et l’alternance, en valorisant l’entreprise et en faisant découvrir le monde économique aux jeunes lycéens. A ce sujet, le témoignage de Marcel Rinaldy, président du groupe 3M de bijoutiers, et représentant du club RH du Medef Mayotte, tordait le cou aux idées reçues.

« Je suis passé par la voie BEP-CAP, et j’ai redoublé plusieurs fois au collège. J’ai fini par me passionner pour le commerce, mais aujourd’hui je regrette, car il m’a manqué des bases pour mieux comprendre le monde de l’entreprise. Je veux donc vous dire, ne lâchez pas l’école. La jeunesse mahoraise est très intelligente, elle s’adapte très vite. Mes premiers apprentis en 2014 sont à la tête de plusieurs de mes magasins aujourd’hui. »

90% de l’offre de formation sur Mamoudzou

Marcel Rinaldy : « La jeunesse mahoraise s’adapte vite »

Il faut donc avoir de l’ambition pour ce territoire, qui reste sinistré, avec un taux d’emploi des 13-29 ans en 2018 de 13,2%, « sous la moyenne nationale », et donc un taux de chômage élevé chez les 15-29 ans, 53%, soulignait Marjorie Paquet, directrice de la Dieccte (Travail). Difficile quand on relie cet état de fait aux 75% de jeunes en difficulté de lecture contre 9,6% sur le reste de la France, aux 64% de demandeurs d’emploi sans diplôme, avec 4% seulement au niveau supérieur au Bac+2.

Sortir avec un diplôme quel qu’il soit, doit donc être un objectif prioritaire, puisque l’élément positif est que, « à diplôme équivalent au territoire national, le taux d’insertion est le même », rappelait Marjorie Paquet citant une précédente étude de l’INSEE.

En dehors de l’accent mis sur la lute contre le décrochage scolaire par le rectorat, il faut « créer des ponts » ensuite pour la Dieccte, afin de relier ces jeunes à la formation professionnelle. Il faut notamment « territorialiser » l’offre de formation, « implantée à 90% sur la Grand Mamoudzou. IL faut aller au plus prés des jeunes ».

Les débuts difficiles du CREFOP

Dieccte, Mayotte
Marjorie Paquet invite à territorialiser l’offre de formation

Un référent territorial pour l’apprentissage vient d’ailleurs d’être nommé à la Direction du Travail, Ibrahim Jaffar Mohamed, chargé du déploiement de la réforme, et qui accompagnera les acteurs économique, notamment sur la formation de maitre d’apprentissage. Pour mémoire, par des aides exceptionnelles, le gouvernement prend e charge le salaire du jeune apprentis, à hauteur de 5.000 euros pour les moins de 18 ans, et 8.000 euros pour les plus âgés.

Le RSMA a également présenté ses offres de formation, mécanique auto, serveur de restaurant, conducteur de travaux, etc. avec un partenariat solidement rodé avec des entreprises demandeuses de stagiaires issus d’un Régiment où ils sont rompus à la rigueur.

En matière de formation, Mayotte dispose désormais un CREFOP (Comités Régionaux de l’Emploi, de la Formation et de l’Orientation Professionnelles) depuis novembre 2018, avec un rodage qui semble se prolonger, retraçait son vice-président Mohamed Fahardine : « On essaie de faire comprendre aux services de l’Etat et au conseil départemental que désormais, les décisions en matière de formation doivent se prendre collectivement. » Le Club OF se met doucement en place, indiquait-il.

Anne Perzo-Lafond

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