Attaque de Cavani : « ils étaient animés de la volonté de tuer »

Après l'attaque de Cavani qui a laissé un adolescent grièvement blessé, un témoin direct a souhaité témoigner dans nos colonnes. Une démarche citoyenne mais aussi presque thérapeutique pour ce fonctionnaire qui revoit en boucle les images d'une extrême violence, d'autant plus avec les vidéos qui circulent en ligne.

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Les images témoignent de la détermination des attaquants

Ce lundi en fin d’après-midi, quatre suspects de l’attaque qui a eu lieu vendredi à Cavani ont été déférés et présentés à un juge d’instruction en vue d’une mise en examen pour meurtre. Si l’enquête a permis d’identifier plusieurs auteurs supposés, « il manque de témoins directs » indiquait le procureur dans l’après-midi.

La scène s’est pourtant déroulée devant plusieurs témoins, certains ayant filmé l’agression, d’autres ayant prodigué les premiers secours dès que les assaillants sont partis.
L’homme qui nous a contactés, un fonctionnaire du Département, fait partie de ces derniers. Il a souhaité témoigner pour mettre des mots sur la violence dont il a été témoin, mais aussi pour aider à une prise de conscience sur une situation qui selon lui s’est fortement dégradée depuis plusieurs années.

« Je rentrais du travail vendredi en fin d’après-midi aux alentours de 17h. Je m’arrête au restaurant le troquet. Là on entend beaucoup de bruits, de mouvements de foule dehors, un camion de police passe devant et quelques minutes plus tard, un petit jeune qui ne devait pas avoir plus de 14 ou 15 ans se fait entourer par 4 ou 5 autres bonshommes du même âge. » Selon le témoin dont nous conserverons l’anonymat, le groupe pointe du doigt la victime. « Je pense qu’ils le connaissaient » suppose-t-il. Le garçon tente alors de fuir, mais s’engouffre dans une impasse. « Le gamin était coincé dans un cul de sac à côté de Somaco, il y avait un portail donc pas d’issue. » Dès lors, ses assaillants s’acharnent dessus à plusieurs reprises. « Il a pris des coups de tesson de bouteille, de pierres sur la nuque. »

Des témoins apportent les premiers secours (capture d’écran)

Ce que les vidéos ne montrent pas, ce sont les tentatives des témoins d’aider la victime. Sur les réseaux sociaux, de nombreux commentateurs s’interrogent en effet  sur le fait que des gens filment au lieu d’intervenir. Mais notre témoin estime que ce n’était pas possible sans se mettre en danger.

« J’ai pu m’approcher quand les gamins sont partis car ils étaient vraiment animés par la volonté de tuer. Les gens qui filmaient n’étaient pas armés et pouvaient risquer leur vie. Et ça s’est passé très très vite, ça a paru durer une éternité mais ça n’a duré que quelques secondes, peut-être trois ou quatre minutes maximum ».

Ceux qui ont essayé ont dû reculer face à la violence des jeunes. « Les mamas qui vendaient les légumes à côté ont tenté de s’interposer mais les gamins étaient trop nombreux. Elles ont essayé de les raisonner mais ça ne fonctionnait pas, je vous laisse imaginer les pleurs, les cris. Des petites collégiennes ont aussi tenté de l’aider quand il est tombé à terre. »

« Tous étaient à visage découvert, ils rigolaient »

Les pompiers sont arrivés très vite salue ce témoin

Selon lui, les jeunes étaient en effet déterminés à le tuer. « Ils en voulaient en crâne du gars, c’était d’une sauvagerie ahurissante, moi j’étais à côté et ils ne me calculaient même pas, puis ils sont partis comme ils sont arrivés. Puis deux policiers sont arrivés sur place et ont commencé à faire les premiers massages, j’ai appelé le Samu et j’ai mis le haut parleur pour que le policier entende aussi les instructions du médecin. Les pompiers sont arrivés très vite. Le gamin bougeait un peu les yeux mais il n’était plus conscient, il ne répondait pas. »

Le témoin qui précise avoir « les images qui tournent dans la tête » se dit « choqué », non seulement par la violence de la scène, mais aussi par l’attitude générale des assaillants, qu’il qualifie de « cyniques ».

« Tous étaient à visage découvert, ils rigolaient c’était très cynique, j’ai encore l’image dans la tête ils n’étaient pas du tout en train de se cacher. C’était d’une cruauté inimaginable, ça leur faisait plaisir de le voir par terre, saigner, il y avait de la haine, sans doute de la vengeance mais aucune notion de bien ou de mal. »

Y.D.

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