L’hôtel Caribou, aux premières loges d’une filière sur la brèche

L'hôtel Caribou n'a rouvert ses portes que le premier octobre à l'issue de 6 mois de fermeture. Si l'établissement a les reins relativement solides, ses gérants sont inquiets pour leur avenir et celui d'une filière touristique frappée de plein fouet par la crise sanitaire. Le retour de l'état d'urgence n'arrangeant en rien leurs affaires.

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Réouverture du Caribou après 6 mois de grilles baissées

L’hôtel Caribou, installé en face de la barge à Mamoudzou tente de se relever de 6 mois de fermeture presque totale. Dans ce contexte, le retour de l’état d’urgence sanitaire est perçu comme une menace pour la filière.

Nombamba Chaïma est chargée par le directeur de nous dresser un portrait d’une situation jugée inquiétante.

« On a rouvert très tardivement, le 1er octobre. On a pris le temps de se mettre aux normes », explique la chargée de communication. « On est en plein centre de Mamoudzou. Il y a des établissements en périphérie qui se permettent de tricher mais on ne peut pas se le permettre, on n’a pas le droit. On a pris le temps de préparer la distanciation, les gestes barrières. Au restaurant des vitres séparent les différentes tables. Cela a demandé beaucoup de temps, d’argent et de sensibilisation. »

Pendant 6 mois, l’hôtel a ainsi  survécu au rythme des missions de soignants envoyés à Mayotte, mais l’activité n’était guère plus lourde qu’une boîte à pizza.

« De mars à septembre on n’a pas du tout travaillé, c’était une perte sèche. A l’hôtel ce qu’on avait comme clients c’était du personnel médical envoyé par l’ARS, on a loué des chambres et mis à disposition des chambres gracieusement pour par exemple des infirmiers qui doivent être sur le pied de guerre à Mamoudzou, on était conscients d’être dans une situation critique.

Le seul service qui fonctionnait c’était la pizzeria à emporter. Là encore on essayait d’offrir des pizzas aux policiers et pompiers notamment pour qu’ils puissent travailler. »

Pour autant, les clients ne se pressent pas, et le rebond est difficile.

Nombamba Chaïma
Nombamba Chaïma

« Les gens ne se rendent pas forcément compte que ce qui se passe est grave et que la situation sanitaire est assez critique. Suite à notre réouverture, on connaît une situation exceptionnelle de manière négative. Avant le coronavirus, on avait énormément de clients, on faisait beaucoup de couverts, on était full tout le temps. Maintenant la fréquentation est très faible. Ce n’est pas faute de faire de la sensibilisation pour que les clients soient rassurés mais à tous les niveaux ça reste faible. On ne sait pas réellement où on va. On rentre de nouveau dans cet état d’urgence sanitaire, ça fait peur. On sait que des établissements mettent la clef sous la porte. Ici c’est une trentaine de salariés qui travaillent à l’aveugle et ne peuvent pas se projeter car on ne sait pas si demain on repartira au chômage partiel car l’activité ne nécessitera pas que tout le monde reprenne le boulot. Or, derrière c’est des pères et des mères de familles, avec des charges, c’est très compliqué. Ca fait diminuer leur pouvoir d’achat. »

Les chiffres de fréquentation ne seront pas dévoilés, mais le restaurant peine à faire 20 couverts le midi, c’est moins du tiers d’un rythme normal. Quant à l’hôtel, « aujourd’hui on a repris le boulot, mais je n’oserai pas dire à quel pourcentage on est, en taux de remplissage on n’est même pas à 25%. Nos clients d’affaires, on ne les voit pas encore revenir, c’est ce qui nous inquiète. Forcément c’est un frein pour ces intervenants et ça nous fait moins de clients. On travaille à l’aveugle, on ne sait pas où on va. »

Et l’hôtel Caribou n’est qu’un exemple d’une filière qui s’interroge sur son avenir à court ou moyen terme. Une situation qui selon la responsable nécessite une mobilisation générale des acteurs.

« Il faudrait que tout le monde puisse se concerter, toute la filière est touchée. Il faudrait un soutien sans faille pour qu’on puisse s’en sortir pour faire face à l’après. Le coronavirus on en a sûrement encore pour un bon bout de temps donc il y a urgence, si on ne trouve pas de solution, il y a beaucoup d’établissements ici à Mayotte qui seront menacés. On a tenu jusqu’à maintenant mais jusqu’à quand ? »

Y.D.

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