« Affaire surréaliste » en marge des décasages de Bouéni
Les situations les plus tendues et dramatiques cachent parfois des histoires tordues. Comme celle dont a été victime une employée de la mairie de Bouéni en 2016, alors que les décasages occupaient toute l’actualité du département. Dans ce contexte plus que tendu dans le sud, la fonctionnaire a été mise en cause pour des feux de véhicule et de maison. Mais le « témoin » qui l’avait mise en cause s’est rétracté, et a expliqué avoir été payé pour faire plonger l’employée de mairie au nom d’un règlement de compte avec une autre femme de Bouéni. “J’étais jeune, j’étais perdu, j’étais prêt à faire n’importe quoi pour avoir un travail” s’est excusé le jeune homme poursuivi pour faux témoignage. Ce dernier aurait pu être lourdement condamné, la fonctionnaire lésée réclamant pas moins de 17 000€ d’indemnisation. Malheureusement pour elle, « dans cette procédure on a une partie du dossier qui a été perdue » déplore le procureur. « On a juste une confrontation dans la 2e partie de la procédure, je vais en tirer les conséquences et demander de renvoyer les 2 prévenus des fins de la poursuite ». Constatant qu’en effet la dénonciation initiale avait disparu du dossier, le jeune a été relaxé, mettant fin à quatre ans de vieille querelle.
Deux frères pour une seule identité
La seconde histoire est une (bien trop) banale histoire d’atteinte sexuelle sur mineure comme le tribunal de Mamoudzou en voit presque toutes les semaines. Les faits sont simples : une sage-femme du CHM a constaté que la jeune maman venue accoucher avait moins de 15 ans, quand le père était largement majeur. Dès lors elle était contrainte de signaler ce cas, qui a donné lieu à des poursuites envers le père, mais aussi envers les parents de l’adolescente qui l’ont mariée à un adulte. Mais à la barre, l’affaire a pris une autre tournure. Alors que les magistrats vérifiaient son identité, l’homme affirme ne pas être né en 1978 comme il l’indiquait en procédure. « C’est mon frère ça, j’utilise son extrait de naissance car le mien a brûlé » affirme l’individu. Les juges ont alors cherché à comprendre qui ils avaient exactement devant eux. Celui qui affirmait un temps avoir 39 ans dit désormais en avoir une vingtaine. « Vous utilisez la carte d’identité de votre frère ? » l’interroge la présidente. « “Nous avons la même pièce d’identité, il y a ma photo dessus » rétorque le prévenu. Une carte d’identité pour deux personnes, avec la date de naissance de l’un et la photo de l’autre, il fallait y penser, et les juges ne l’avaient pas vu venir. Ils se trouvaient en tout cas dans l’incapacité de le juger en l’état. « Cela peut être embêtant pour le casier judiciaire » explique le parquet. L’affaire a été renvoyée au 12 mai prochain le temps d’enquêter sur la réelle identité des deux frangins.
L’ivrogne, la peureuse et le contrebandier
Le troisième procès n’est guère moins insolite que les précédents. Tout part d’une dénonciation d’un vendeur de cigarettes qui refourguait des Cœlacanthes, clopes de fabrication comorienne interdites en France, à Dembéni. La perquisition menée à son domicile permet de trouve deux cartons contenant au total 100 cartouches du produit de contrebande, bon marché à 2€ le paquet, mais jugé dangereux par les autorités françaises.
Lors de la perquisition, les gendarmes découvrent sur son toit un panneau solaire, et un autre dans la maison. Tous deux ont été volés au préjudice d’une entreprise locale. Poursuivi pour contrebande et recel, l’agriculteur botte en touche. Le voisin qui l’a dénoncé ? « Un ivrogne qui fait son intéressant, il ment ». Sa femme qui voulait qu’il brûle les cigarettes de contrebande ? « Une peureuse ». Quant à lui, le contrebandier, il aura eu bien du mal à faire avaler qu’il avait « trouvé les cartons en ramassant de l’herbe pour les chèvres ». Il école de trois mois de prison avec sursis.
Y.D.