Semaine du volcan : un risque tsunami « assez limité »

Le risque tsunami a fait l'objet vendredi d'une conférence dans le cadre de la semaine du volcan, devant des scientifiques, des professeurs et 24 élèves du lycée des Lumières (Mamoudzou Nord). S'il a été jugé "limité", ce risque doit encore faire l'objet de nombreuses recherches et sera affiné avec la campagne MayObs 15 qui est en cours.

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L'objectif de ces recherches est de mieux protéger la population en cas de tsunami même limité

Dans l’amphithéâtre du lycée des Lumières, ces 24 élèves de spécialité scientifique ont gratté comme jamais, avec leurs professeurs de SVT, ils ont pu suivre pendant toute la journée les échanges des scientifiques sur les découvertes liées au nouveau volcan, et leur poser leurs questions. Une des séquences les plus notables portait sur le risque de vague-submersion, principale inquiétude des autorités en lien avec la crise sismique.

Un tsunami, rappellent les scientifiques, c’est « le résultat de la mise en mouvement brusque d’une masse d’eau de mer ». Il y a trois étapes importantes dans un tsunami: la génération, la propagation et l’inondation.
L’objectif à Mayotte était d’être à l’appui de la gestion de crise. Comme il n’y a pas d’observation de tsunami récent à Mayotte, il s’agissait pour le Revosima, le réseau de surveillance sismologique de Mayotte, de faire des simulations.

La première étape consistait à élaborer des scénarios possibles sur ce qui pourrait déclencher un tsunami. A Mayotte, trois processus pourraient déclencher un tsunami : un séisme d’ampleur, supérieur à 6 ou 7 (le plus important relevé, le 15 mai 2018, était de 5.9) , la deuxième cause ça pourrait être l’effondrement d’une caldeira, ou enfin un glissement de terrain sous marin.

En l’absence de grande faille connue dans la région, le premier scénario a été peu abordé, pour se concentrer sur les causes volcaniques.

L’effondrement de caldeira notamment. C’est quand le réservoir d’une chambre magmatique se vidange et cause « un affaissement du matériel qui se trouve au dessus ». Autrement dit, le sol s’effondre pour remplir le vide en dessous, ce qui peut déplacer des masses d’eau. Dans l’étude menée par le BRGM, deux zones d’effondrement possible ont été déterminées à l’est de Petite Terre, notamment sur la zone principale de l’essaim de séisme. La 3e cause, c’est le risque de glissements de terrain qui peuvent aussi soulever des masses d’eau. « Une sismicité importante pourrait fragiliser la pente à l’est de Petite Terre et déclencher des glissements sous marins. Plusieurs paramètres doivent être pris en compte, comme la nature des matériaux et la stabilité de la pente. » Or, ces paramètres sont peu connus. Les scientifiques ont donc élaboré pas moins de 8 scénarios pour estimer ce qui pourrait arriver de pire. Et la bonne nouvelle c’est que le scénario du pire est assez « limité ».

En conclusion…

Sur le scénario d’un glissement sur le flanc du nouveau volcan, comme il est très profond, il n’y aurait pas de tsunami estime le Revosima. Le risque viendrait plutôt d’un glissement le long de la pente à l’est de Petite Terre, ou de la création d’une caldeira. Si les 8 scénarios les plus impactants survenaient en même temps, ce qui ne peut a priori pas arriver, les simulations donnent  des valeurs de hauteur d’eau qui peuvent approcher 5m à l’aéroport, 3m à Dzaoudzi, 1m à Labattoir et 2m à Mamoudzou. De manière plus réaliste, le scénario le plus impactant -un effondrement de la pente à l’est de Petite Terre- aurait des conséquences « assez limitées ». Le maximum de submersion à l’aéroport serait de 0,5m au centre de la piste, dans la zone de Dzaoudzi et Labattoir, il serait de 0,8m sur les premières lignes construites. Ce qui justifie tout de même l’installation des 24 sirènes répartie sur le territoire pour évacuer cette zone littorale exposée et définie par chaque commune de l’île. D’autant que les délais seraient courts. Dans les scénarios envisagés, il n’y aurait pas d’alerte naturelle comme un retrait de la mer avant l’arrivée de la vague. On aurait aussi des temps d’arrivée très courts, entre 3 minutes pour l’aéroport et 15 à 20min pour Grande Terre précisent les scientifiques qui rappellent que ces scénarii restent provisoires, les hypothèses et leurs conséquences vont évoluer grâce aux avancées scientifiques.

Des questions à foison

Les élèves ont donné libre cours à leur curiosité

Le nouveau volcan et le risque de tsunami a suscité bien des questions de la part des élèves, nous en avons sélectionné quelques unes, avec la réponse apportée par les spécialistes.

Quel est le risque d’avoir un gros tsunami ?

Le risque tsunami à Mayotte où le séisme le plus important jamais enregistré avait une magnitude de 5.9 est sans commune mesure avec celui du Japon où des séismes de magnitude 9 peuvent survenir. Toutefois « on n’a pas calculé de probabilités » expliquent les scientifiques, notamment car « on ne connaît pas la nature du matériel à l’est de Petite Terre ni s’il a bien résisté à la sollicitation des séismes ». On tout cas dans aucun modèle « on n’a vu une vague de 10m ».

Est-ce qu’une éruption explosive du nouveau volcan pourrait nous envoyer de la lave ou des roches ?

C’est peu probable, le volcan est loin, environ 50km, et il est est très profond : la couche d’eau joue comme un écran protecteur.

Est ce que les scientifiques en mer sont protégés contre un éventuel tsunami ?

En cas de tsunami, c’est même le meilleur endroit où se trouver, pas de risque donc pour le Marion-Dufresne et ses équipes.

Est-ce une chance pour Mayotte d’avoir ce nouveau volcan ?

En résumé, il y a deux bonnes raisons de penser que c’est une chance. D’abord, la découverte du volcan permet d’identifier les risques qu’il génère. Or, identifier un risque est la base pour s’y préparer. La présence du volcan permet donc à Mayotte de se préparer à des risques qui étaient peu pris en compte jusqu’à présent, c’est donc finalement un plus en termes de sécurité des populations.
Ensuite, le volcan a mis Mayotte sous les feux des projecteurs et intéresse des scientifiques du monde entier, c’est une richesse naturelle qui donne à Mayotte une visibilité qu’il ne lui reste qu’à exploiter.

Y.D.

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