La famille et l’enfance en danger étaient les deux thèmes centraux du déplacement d’Adrien Taquet, le secrétaire d’Etat chargé de leur protection. La parentalité est un des enjeux forts de Mayotte. Elle est actuellement mise en avant par l’association Ouvoimoja de Doujani à travers 10 conférences financées par le FIPD (Fonds Interministériel de Prévention de la Délinquance) de la préfecture et le conseil départemental via le conseil cadial. Elles doivent être mises en place dans l’ensemble des quartiers du village, « pour responsabiliser les parents et les accompagner dans leur rôle », indique Tony Mohamed, président de Ouvoimoja et de Espoir et Réussite de Doujani.
La première conférence ce samedi était axée sur les devoirs et obligations des parents, à la fois portés par la religion et à la fois les lois de la République.
Premier bon point, les papas étaient autant présents que les mamans, eux qui sont difficiles à capter, le déjeuner du ministre avec les familles à Dembéni en avait été une preuve éclatante. « Nous sommes passés par les madrasa et les comités islamiques de médiation », glisse l’organisateur.
L’objectif, « montrer comment on éduquait les enfants avant. Le conseil cadial a rappelé les obligations et les devoirs des parents vus par la religion, tels qu’ils sont inscrits dans le Coran. « Un domaine autant dévolu au père qu’à la mère. » Versets coraniques à l’appui, l’assistance composée d’environ 180 parents, a pu prendre conscience d’une évolution dans les comportements, « pour appeler son enfant, c’est mieux d’utiliser ‘ô mon beau fils’, que ‘hey toi, viens là !’
L’Union Départemental des Associations Familiales (UDAF) accompagne ces conférences.
Mixer les villages dans des décisions communes
Elles répondent à une logique. Tout en informant dans un premier temps, elles seront suivies par un forum citoyen initiée par la commune de Mamoudzou pour trouver des solutions aux quartiers difficiles. Et les propositions formulées seront diffusées aux Assises de la sécurité qui se tiendront à Mamoudzou les 9 et 10 novembre prochains.
Parmi elles, les comités intervillageois dont le comité de pilotage a été créé il y a deux semaines environ. Ils réunissent les notables de Doujani, Passamainty, Tsoundzou, « pour régler les problématiques de l’éducation, de l’insécurité, etc. » Une action indispensable à généraliser dans le cadre des guerres de villages qui pourrissent la vie de l’île. A l’intérieur, des associations membres pour exécuter les décisions du comité de pilotage. « Cela permet à tous ces villages de se côtoyer et de mutualiser leurs moyens pour répondre aux problèmes qui se posent chez les uns et les autres ». Vont en découler des comités de jeunes de ces villages, « les autres comme Vahibe ou Kawéni sont également invités ».
D’autres propositions que ces comités de villages ont été formulées, « notamment la mise à l’amende des parents dont l’enfant commet des méfaits. En 2018, nos gilets jaunes qui attrapaient les jeunes en errance pendant le couvre-feu les remettaient à la police nationale, qui contactait les parents. Ils devaient payer une amende de 60 euros pour les récupérer. Ils leur faisaient passer le message de ne plus recommencer. »
Ont également participé le collectif Vivre ensemble, le Conseil éducatif, de sages et de médiation de Doujani, les notables et imams de village de Passamainty, Tsoundzou et Doujani.
A.P-L.