Semaine du dépistage « le Covid a un peu éclipsé le VIH »

Mortel et tabou, le VIH, virus responsable du Sida, est un peu passé à la trappe en 2020, année marquée par la pandémie de Covid-19. L'association Narike M'Sada tente de rattraper le coup mais craint une augmentation des cas liée aux "pratiques" durant le confinement.

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Aimer, c'est protéger ceux qu'on aime martèle Moncef Mouhoudhoire

Attention, une épidémie peut en cacher une autre. Avec le coronavirus, les infections sexuellement transmissibles font moins parler d’elles, mais tuent toujours, d’autant plus que le confinement a pu favoriser des pratiques à risque alerte Moncef Mouhoudhoire de l’association Narike M’Sada.

« Les chiffres officiels sortis aujourd’hui font état de 347 patients connus et suivis au CHM, on parle de 47 nouveaux cas en 2020. C’est une baisse puisque l’année dernière on était sur 52 nouveaux cas. Mais cette baisse peut être due à l’impact du Covid. D’où l’importance du dépistage. On avait fermé un moment et on a repris assez rapidement le dépistage rapide. C’est clair que 2020 reste marquée par cette histoire de Covid. D’une manière générale à Mayotte comme partout sur le territoire national le Covid a un peu éclipsé le VIH ainsi que d’autres pathologies. Je pense qu’il va y avoir des compensations en 2021, ce qu’on nous a rapporté c’est des pratiques pendant le confinement, je pense qu’il y aura un Covid-Boom en 2021, et dans ce boom il y a aura sans doute des contaminations. En 2021 on aura une lecture du VIH en 2020 en temps de Covid mais c’est trop tôt pour le dire. »

Autre effet pervers de la pandémie de Covid-19 : la faim, qui accroît la précarité des patients atteints par le VIH et aggrave leur état.

« Le Covid a aussi mis en exergue les sujets liés à la qualité de vie des personnes touchées par le VIH. Les autorités ont distribué de l’aide alimentaire, y compris à des gens qui n’étaient pas touchés par le Covid. Paradoxalement tout au long de l’année rien n’est fait pour les porteurs du VIH : la précarité sociale, le fait que des gens ont du mal à assurer leurs repas quotidien et dorment le ventre vide, ça impacte une prise en charge médicale qui est pourtant bonne à Mayotte. Quand quelqu’ un a du mal à se nourrir les infectiologues stoppent le traitement pour cause de ventre vide et ça fout en l’air la prise en charge médicale. Une personne avec une charge virale indétectable peut redevenir contaminant. »

Paradoxalement toutefois, l’épidémie largement médiatisée du coronavirus sert de support de prévention pour les bénévoles de l’association.

« On se sert beaucoup du Covid pour parler du VIH, et expliquer ces histoires de protection, de contamination, les délais d’attente pour le dépistage avec la période d’incubation du virus etc. On s’en sert car c’est un sujet d’actualité qui intéresse tout le monde. C’est aussi un levier » relativise Moncef Mouhoudhoire.

Ce dernier peut aussi compter sur les actions de prévention qui sont menées toute cette semaine pour sensibiliser sur le VIH et la seule protection efficace : le préservatif.

L’action menée chaque année promeut l’usage du préservatif et lutte contre les tabous

Il y a notamment la semaine du dépistage qui « en est à sa 2e édition, c’est un dispositif national qui est décliné dans les outre mer y compris à Mayotte avec l’ARS et tous les acteurs. »

Il y a aussi l’opération « Selfise ton préservatif » menée au CUFR par l’association AECUM, qui consiste en un concours de selfie un préservatif à la main, pour communiquer de manière ludique en emprunter des codes qui parlent aux plus jeunes afin de lever les tabous.

Avec un espoir in fine : faire comprendre que les virus tuent, mais que ce n’est pas forcément une fatalité.

Y.D.

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