Sur le plan national, le président Emmanuel Macron estime que son « septennat transforma la France », dans le sens que « les orientations qu’il avait données guident encore nos pas ». VGE comme les français le surnommaient, est à l’origine de réformes emblématiques, quelques années après 1968, durent son quinquennat de 1974 à 1981 : l’abaissement de l’âge de la majorité de 21 à 18 ans, la légalisation de l’avortement, la réforme du divorce par consentement mutuel, l’allongement du congé maternité, ou, plus critiqué, le collège unique qui remplaçait les trois filières, générales, courte et d’apprentissage.
Nicolas Sarkozy a évoqué « son admiration » pour Valéry Giscard d’Estaing, quand François Hollande salue « un homme d’Etat qui a fait le choix de l’ouverture au monde ».
A Mayotte, le président Soibahadine Ibrahim Ramadani juge lui aussi que VGE incarnait « une forme de modernité nouvelle dans une France de l’après mai 68 », et rappelle qu’il était un « européen convaincu », qui « n’hésita pas, une fois battu à la Présidentielle, à redevenir un élu local », comme président de la Région Auvergne, « ce qui n’est pas si fréquent. »
Mayotte française malgré lui
C’est pendant sa présidence que le sort de Mayotte était scellé dans le sens qu’on connaît. Mais plutôt malgré lui, selon certains élus mahorais pour qui tout ne peut être oublié. L’ancien président du conseil général Attoumani Douchina rappelle que Valéry Giscard d’Estaing « avait une préférence pour l’indépendance globale de l’archipel ».
Comme le fait remarquer l’ancien conseiller général et chroniqueur Issihaka Abdillah, l’Histoire retiendra qu’« il aura été le président de l’organisation du référendum d’autodétermination du 22 décembre 1974, ayant permis à l’île de rester française et aux Comores d’accéder à l’indépendance », l’élu estime que « la France a perdu un grand serviteur de l’Etat. »
Les Mahorais sont de nouveau consultés en février 1976, comme le rappelle le président Soibahadine dans son hommage, « à 99,4%, les Mahorais choisirent la France. Valéry Giscard d’Estaing prit donc acte du ‘maintien’ de Mayotte au sein de la République Française, même s’il ne vint pas sur notre territoire ». Et 5 ans après son élection, la loi du 22 décembre 1979 réaffirme l’ancrage de Mayotte dans la République française en stipulant que « l’île de Mayotte fait partie de la République française et ne peut cesser d’y appartenir sans le consentement de sa population ».
Mais le député LR Mansour Kamardine dit vouloir ramener les actes à leur juste valeur, « Mayotte française lui a été imposée, explique-t-il sur les ondes de Mayotte la 1ère, en réaction au référendum de 1974, le président Giscard d’Estaing juge même qu’il est inimaginable de séparer Mayotte des Comores. » Le député mahorais rappelle que lors des débats de juin 1975 sur le sort de Mayotte à l’Assemblée, « heureusement que nous avions Pierre Messmer et Michel Debré pour faire basculer la majorité et imposer le bon choix au gouvernement. »
Tout s’est malgré tout déroulé dans le sens espéré par les élus mahorais, on retiendra donc l’image de modernité collée au président Giscard d’Estaing, « il a créé le premier ministère de la condition féminine, rappelle Issihaka Abdillah, et nommé 5 femmes à son premier gouvernement. »
On se souviendra enfin de son « au revoir » de candidat blessé car battu par François Mitterrand en 1981, qui lui fit ostensiblement tourner le dos à la caméra.
Anne Perzo-Lafond