Le 9 mai 2019, le chef de bande présumé Magnélé était interpellé par l’antenne GIGN de Mayotte et placé en détention provisoire trois jours plus tard à l’issue d’un coup de filet sur lequel le parquet de Mamoudzou avait largement communiqué.
Abdoulanziz Ahamad Said Ali était alors activement recherché pour des faits de « vols avec arme commis en bande organisée, vols commis en bande organisée, dégradation du bien d’autrui commis en réunion, enlèvement et séquestration avec libération avant le 7ème jour en vue de préparer ou de faciliter la commission d’un crime ou d’un délit et pour tentative d’extorsion avec arme commis en bande organisée » tous commis la même année 2017. Ces procédures criminelles, toujours en cours d’instruction, devraient mener le jeune homme qui aura 21 ans le premier janvier prochain officiellement, devant la Cour d’Assises dans les mois et les années à venir.
En attendant, son interpellation et notamment le prélèvement de son ADN ont permis de le relier à des faits plus récents, commis à Chiconi en mars 2019, quelques semaines avant son interpellation.
Le 21 mars, les gendarmes de Sada avaient en effet été appelés pour intervenir sur deux séries de cambriolages commis au milieu de la nuit, vers 1h du matin, puis vers 3h, par une bande d’une demi douzaine d’individus. Outre le vol de matériel électronique, deux faits marquants avaient caractérisé ces attaques nocturnes. Lors de la première, un bébé d’un an avait été violenté. Alors que sa maman appelait à l’aide, un des voleurs avait placé une machette sous la gorge de l’enfant pour faire taire sa maman. Un geste attribué à Magnélé, que la justice n’a pas pu lui attribuer formellement, conduisant à sa relaxe ce mercredi. Il en va différemment de la suite des événements. Deux heures plus tard, seconde série de cambriolages. Cette fois, Magnélé rencontre une résistance à sa taille, un habitant vient au contact et une bagarre éclate. La victime du cambriolage reçoit des coups de machette à la tête et au thorax, mais met en fuite l’agresseur qui… laisse sa cagoule sur place.
« Criminel endurci »
Son visage découvert et l’ADN dans la cagoule permettront de l’identifier formellement, malgré ses dénégations au tribunal où il s’est présenté comme un « simple maçon » tout en reconnaissant avoir « fait le bandit quand on a détruit nos bangas ». Le procureur Ludovic Folliet met lui en garde contre un « criminel endurci », et invite les juges à ne pas se laisser amadouer par son casier encore vierge. Les trois gendarmes cagoulés du GIGN chargés de son escorte étaient d’ailleurs là pour rappeler sa dangerosité présumée.
» Un enfant d’un an qui a été menacé avec une arme, il y a un nombre impressionnant de victimes dont je regrette l’absence à cette audience. S’il y avait eu une ouverture d’information, c’était jusqu’à 20 ans en cour d’assises.
Il y a des vols d’opportunité de gens affamés qui volent dans les maisons, avec peut être l’excuse de la précarité. Et des individus organisés ont dépassé ce cap, ils sont dangereux et je n’ai pas peur de demander de lourdes peines. Je demande 2 ans avec maintien en détention. »
Le tribunal a entendu les arguments de ce dernier et envoyé Magnélé deux ans derrière les barreaux. Toujours sous bonne escorte.
Y.D.