Ce vendredi matin, le deuxième comité de pilotage sur la piste longue s’est tenu au conseil départemental, dans un hémicycle à l’entrée gardée par un agent de sécurité du Département. Ni oreille qui traîne ni tour d’image donc pour les journalistes, qui ont eu toutefois un résumé du préfet à la sortie.
Premier constat du représentant de l’Etat à Mayotte, les délais semblent respectés, malgré la crise sanitaire.
« Malgré les difficultés, nous n’avons perdu aucun délai sur le programme de réalisation de la piste longue, c’est une prouesse de la DGAC qui a su tenir les délais et qui a lancé aujourd’hui tous les marchés qui devaient être lancés. De sorte que conformément au planning annoncé en janvier, le profil de la piste sera arrêté définitivement en octobre prochain, les travaux préparatoires seront tous terminés, et nous pourrons pendant cette période poursuivre les consultations publiques » indique le préfet Jean-François Colombet.
Ainsi assure-t-il, « la piste longue sera bel et bien réalisée à Mayotte, les travaux pourront débuter au tout début de l’année 2023″.
Le comité de pilotage a pu se concentrer sur les enjeux techniques de ce projet.
« Nous avons durant ce comité de pilotage abordé plusieurs sujets, notamment l’orientation de la piste, la longueur de la piste, les études nous indiqueront si c’est 2500, 2600 ou 2800m, nous avons aussi abordé la question des matériaux, là aussi les études vont bon train pour identifier les gisements et les modes d’acheminement qui devront préserver les milieux naturels et la tranquillité des gens. »
Le financement lui, ne fera pas de grande surprise. Le projet est estimé à quelque 250 millions d’euros, financés par l’Etat. Le Département a toutefois décidé de participer à hauteur de 80 millions d’euros.
Quelle forme de piste ?
« C’est un dossier complexe sur le plan technique et sur le plan juridique. Il faut éviter les erreurs qui ont pu être faites parmi nos voisins sur de grands projets qui sont à l’arrêt aujourd’hui. On est dans la phase de consolidation du projet. Tous les experts ont en tête les conclusions du débat public et la configuration de Pamandzi avec une population importante qui vit autour de la piste. Ce sera très probablement la piste convergente » indique le préfet. Un modèle qui aura l’avantage de ne pas interrompre le trafic aérien pendant les mois, voire les années, que dureront les travaux.
Quels matériaux ?
« Des scenarii reposent sur les gisements propres à Mayotte, soit à partir de carrières existantes, soit à partir de nouvelles carrières. Il peut s’agir aussi de déchets du BTP avec une approche environnementale, nous avons en effet besoin de remblais, de granulats, pour réaliser l’ouvrage dans sa totalité » énumère le préfet qui n’exclut pas « des solutions lagunaires ». Quoi qu’il en soit, « d’ici 2 mois nous aurons des solutions sur les matériaux et l’acheminement. » Ce dernier devra être pensé de sorte à « éviter une noria de camions ».
Quid de la longueur ?
« Sur la longueur, deux critères vont la déterminer : l’état actuel du parc aéronautique mondial. Sont ciblés l’A330 NEO, l’A350-900, le 787, tous les gros porteurs. Ensuite, les conditions météorologiques et le fait qu’on est sur un territoire cyclonique avec des conditions qui peuvent être difficiles. La subsidence est aussi un sujet sérieux, il faut le prendre en compte. Des études ont été faites, ces données sont intégrées dans le calcul final du rehaussement de la piste » note le préfet.
Y.D.