C’est à l’hôtel Trévani, face au lagon, que Carla Baltus, présidente du Medef Mayotte, avait convié ses 90 adhérents, représentant plus de 3.000 salariés de l’île. Une bonne moitié était présente, dont seulement 7 femmes en comptant la présidente, pour aborder le thème central de la traversée de la crise sanitaire, et d’autres périphériques, plus endémiques à Mayotte.
Si certaines entreprises membres du Medef sont en difficulté, aucune n’a déposé le bilan. Pour dessiner le paysage économique de Mayotte, rappelons que en dehors de quelques majors que sont BDM, Panima, Edéis et Mayotte Maintenance Industrielle, qui emploient respectivement de 540 personnes à 30 (Source Le Figaro, les Entreprises à Mayotte ), le tissu économique, dynamique, est majoritairement constitué de très petites entreprises, non représentées au Medef.
A la différence des mouvements sociaux antérieurs, fortement impactant du monde économique, cette crise sanitaire est nationalement aidée par l’Etat. La mesure la plus sollicitée est celle de l’activité partielle, qui permet à l’employeur en difficulté de faire prendre en charge tout ou partie du coût de la rémunération de ses salariés. Bonne nouvelle, nous explique Carla Baltus, « alors que le SMIC net n’est pas le même ici qu’en métropole, la compensation sur l’activité partielle est la même, de 8,03 euros l’heures ». Bien joué. Plusieurs prêts d’honneur ont également été souscrits, « et les subventions du conseil départementales furent les bienvenues ». L’action menée avec le Medef Guyane a permis de doubler le fonds de solidarité de 1.500 à 3.000 euros. Enfin, rappelons que sur le milliard d’euros du plan de relance Outre-mer, 85 millions sont alloués à Mayotte.
En mal de formations qualifiées
Parmi les autres sujets abordés, et d’actualité, la formation et la révolution engendrée par la réforme depuis deux ans maintenant, du Compte Personnel de Formation. Il renforce la formation professionnelle tout au long de la vie. « Maintenant, chaque salarié ou travailleur indépendant, a 500 euros par an pour faire une formation de leur choix. » Avec une difficulté à Mayotte, relève Carla Baltus, « les cahiers de commande sont pleins, mais nous avons besoin de main d’œuvre qualifiée dont les formations n’existent pas sur l’île. »
Quant au projet de transition professionnelle (PTP), qui permet au salarié de s’absenter de son poste afin de suivre une formation pour se qualifier, évoluer ou se reconvertir, les entrepreneurs se disent démunis, « financièrement, l’Etat ne suit pas », rapporte Marcel Rinaldy, président du groupe 3M.
La convergence du SMIC et des minimas sociaux s’est aussi invitée au programme de la matinée. Carla Baltus rapportait la « crispation chez les salariés qui veulent un même SMIC que le niveau national, et on en est assez loin. Heureusement, certaines entreprises paient leurs salariés davantage, au-delà même des 35h payées 39h. Beaucoup jouent le jeu de donner un pouvoir d’achat supérieur à leur salarié. »
Le CD pour renflouer les dettes du SMEAM
Le sujet de la rentrée scolaire fut la grève des transporteurs scolaires, et l’historique signature dans le secteur d’action de la présidente du Medef, de l’accord de branche avec extension du niveau national, « si nous ne l’avions pas fait, ça partait dans tous les sens. » Engendrant des frayeurs chez les autres adhérents. Mais il ne faut pas penser que l’acte est généralisable, martèle-t-elle « c’était uniquement un article de la convention collective qui a été appliqué, portant sur la reprise des salariés en cas de transfert de marché vers une autre entreprise. »
Autre point fort de l’année, la rencontre d’une heure avec le ministre Sébastien Lecornu, notamment en compagnie de Michel Taillefer, ancien président du Medef. Elle portait notamment sur les besoins en main d’œuvre qualifiée, mais aussi des factures non payées, spécialement salées en ce qui concerne le SMEAM. « Le Syndicat des eaux doit payer 32 millions d’euros de travaux, nous nous battrons jusqu’au dernier centime. Nous avons pu obtenir 15 millions d’euros déboursés par le conseil départemental, mais il reste encore 17 millions d’euros. Nous avons expliqué au ministre que cela ne sert à rien de nous parler de Plan de relance si les travaux effectués ne sont pas payés. »
C’est autour d’un verre que se terminait l’AG du Médef.
Anne Perzo-Lafond