Le cri d’alerte du Collectif du monde économique en réponse à l’annulation de la visite ministérielle

"Pas de naufrage de cargo" à Mayotte, "ni d'incendies de forêt importants"... Le Collectif du Monde Économique de Mayotte regrette le nouveau report de la visite de Sébastien Lecornu, en dressant un parallèle avec les causes défendues dans les autres DROM. A Mayotte, c'est la délinquance qui étouffe le territoire

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Sébastien Lecornu, Mayotte
C'est un appel au secours que lance Marcel Rinaldy au ministre des Outre-mer

« Monsieur le Ministre des Outre-mer, il y a urgence à sortir de cette spirale de l’insécurité à Mayotte »

« Nous avons appris, à travers la presse, que votre premier déplacement à Mayotte, depuis
votre nomination rue Oudinot, longtemps promis « avant la fin 2020 », avait été une nouvelle fois reporté, à fin janvier 2021 désormais.
Monsieur le ministre, nous ne voulons pas voir dans cette énième report la traduction d’un désintérêt de l’Etat et de votre ministère, en particulier, pour le département français de Mayotte et ses nombreux défis, mais il semblerait que nous n’ayons pas la même notion de l’urgence.
Certes, notre département n’a pas eu à subir un naufrage de cargo, cette année. Il n’a pas
non plus été victime d’incendies de forêts importants. Non, Mayotte n’a pas eu ces problèmes. Pour autant, nous devons faire face à une autre situation particulièrement grave.

Depuis plusieurs mois déjà, nous, chefs d’entreprise réunis au sein du Collectif du Monde Économique de Mayotte, n’avons eu de cesse d’alerter – tout comme de nombreux responsables locaux politiques et institutionnels – quant à la montée inquiétante et souvent dramatique des actes de délinquance et de violence urbaine sur notre territoire.
Malheureusement, cette violence ne surprend plus personne, elle s’est installée dans notre quotidien. Nous comptons chaque matin le nombre de caillassages, vols et autres agressions et ne pouvons que nous inquiéter de cette normalisation de la déviance.

Il ne se passe plus un week-end, sans que des bandes rivales, le plus souvent juvéniles, ne s’affrontent dans les rues de nos villes, aux abords des écoles, sur les axes routiers, et même sur les plages…

Cette violence s’immisce depuis quelque temps jusque dans les entreprises : intrusions répétées, vols, menaces avec armes, agressions sévères. Nous l’avons dénoncé et répété : les commerces, entrepôts, établissements touristiques, ne doivent plus être pris pour cible par des actes particulièrement malveillants, mettant en danger la vie des personnels, clients, familles et la conduite de l’activité.

Nous, chefs d’entreprise, sommes conscients de notre part d’engagement dans le développement du territoire. Nous nous sommes organisés en collectif, avons engagé des actions, participé à des réflexions. Dans nos entreprises, nous investissons constamment pour assurer la sécurisation de nos personnels et de nos actifs. Nous recherchons, dans le dialogue avec les autorités, des solutions pour un territoire apaisé, mais jusqu’à quand ?

Nos inquiétudes sont vives aujourd’hui pour les conditions de travail de nos salariés et pour la sécurité de nos clients.

Monsieur le ministre des Outre-mer, la sécurité des biens et des personnes, la possibilité d’exercer son activité, sont mises à mal dans notre territoire. Nous vous le demandons de manière solennelle : il y a urgence à sortir de cette spirale de l’insécurité à Mayotte.
Nous demandons l’envoi, au plus vite, des renforts de forces de l’ordre promis par l’Etat, un équilibrage des services publics pour encadrer les populations et satisfaire aux besoins réels, la généralisation des pactes de sécurité « État-Mairies » et la concrétisation de l’ensemble des engagements pris par l’Etat sur la sécurisation de Mayotte en 2018. Parmi ces engagements, nous relevons celui « d’associer les citoyens, représentants de la société civile, et collectivités pour une politique de sécurité mahoraise et son suivi » ; nous, le CMEM, assumons pleinement notre rôle de membres de la société civile et sommes à votre disposition pour porter la voix du monde économique dans cette difficile quête de la sécurisation du territoire.

Mais, plus qu’une obligation de moyens, ou qu’une liste de revendications, nous réclamons
avant tout à l’État une obligation de résultats.

Monsieur le ministre des Outre-mer, si nous avions hâte de vous accueillir à Mayotte, nous,
chefs d’entreprise et ceux que nous représentons, ne pouvons plus accepter d’attendre.
Depuis plusieurs mois, nous avons retroussé nos manches et nous nous sommes mis au
travail. Cela fait déjà bien longtemps que nous ne croyons plus au Père Noël.

Le Collectif du Monde Economique de Mayotte

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