« Ce spectacle a été monté pour montrer le travail réalisé par les jeunes dans le cadre du Laboratoire Artistique 4ème édition », a déclaré Djodjo Kazadi, le directeur de la compagnie Kazyadance, basée au Royaume des Fleurs en Petite-Terre (en face du Faré). Depuis le début des vacances scolaires en effet, une quinzaine de jeunes âgés de 15 à 25 ans (parfois plus) travaillent d’arrache-pied avec deux chorégraphes et un marionnettiste pour améliorer leur connaissance de l’art de la danse.
Le projet du Laboratoire Artistique a été initié en décembre 2019 par Djodjo Kazadi en collaboration avec Anne-Laure Costantini, chorégraphe de la compagnie Baltane. Il s’agit d’un parcours de recherche et de professionnalisation dans les métiers des arts du spectacle sur trois ans à destination des jeunes de Mayotte. Le laboratoire aspire à les accompagner vers leur propre projet en partant de leur niveau et de leurs attentes. Le but est de déclencher en eux la créativité, la liberté d’expression et l’implication sociale immédiate. Ce projet est soutenu par la DAC (Direction des Affaires Culturelles) et la DRJSCS (Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale).
Dans ce cadre, la compagnie Kazyadance accueille donc à chaque vacance scolaire un chorégraphe issu de divers pays ou régions pour faire découvrir aux jeunes un nouvel univers chorégraphique. La première édition a accueilli le chorégraphe mahorais Jeff Ridjali, la deuxième le chorégraphe réunionnais Didier Boutiana, la troisième le chorégraphe malgache Ariry Andriamoratsiri et enfin la quatrième, actuellement en cours, le chorégraphe guinéen Mao Sako. Pour cette 4ème édition, ce dernier travaille en collaboration avec le marionnettiste Serge Amissi , originaire du Congo.
L’Afrique à l’honneur
Le chorégraphe guinéen Mao Sako a travaillé pendant une semaine avec les jeunes. Il leur a appris les bases de la danse traditionnelle africaine, un univers souvent étranger aux jeunes mahorais. La deuxième semaine, Djodjo Kazadi a pris le relais, approfondissant ce travail. En parallèle, Serge Amissi, le marionnettiste, leur a appris à créer des marionnettes de danse « dedinou » originaires d’Afrique Centrale. Celles-ci sont fabriquées à partir d’argile, de papier et de peinture. « Les jeunes sont en train de créer une marionnette issue de leur propre inspiration », a déclaré Serge Amissi. « Le but est ensuite de lui transmettre la vie en la faisant danser », a-t-il ajouté. Lors du spectacle du samedi 26 décembre, les jeunes ont donc dansé en costumes africains tandis que l’une des marionnettes de Serge Amissi les accompagnait.
Les jeunes, dont certains ont suivi les quatre Laboratoires, sont en tout cas ravis de cette découverte de nouveaux univers artistiques. « J’ai apprécié d’apprendre de nouveaux mouvements et le travail des marionnettes apporte une véritable richesse », a par exemple déclaré Alifeyini, 26 ans, qui souhaite devenir à terme danseur professionnel. « La danse traditionnelle, c’était totalement nouveau pour moi, d’habitude je danse plutôt du hip hop », a également déclaré David, 16 ans. Raijanti, 20 ans, danseuse de debaa, a quant à elle déclaré qu’elle avait appris à mieux s’exprimer avec son corps au cours de ces ateliers. « Et le travail des marionnettes était vraiment intéressant. En voyant le matériel, je me demandais ce qu’on allait bien pouvoir faire avec ça, puis ça a vite pris forme ! », a-t-elle ajouté en riant.
N.G