On dit de lui que c’est le plus vieux métier du monde. Et se pratique à Mayotte comme ailleurs, quoique plus confidentiellement. Pour autant, rien jusqu’à présent – officiellement en tout cas – n’existait pour accompagner ceux et surtout celles qui vivent comme un drame la prostitution et veulent quitter son monde. C’est désormais chose faite, avec la création de la commission départementale « de lutte contre la prostitution, le proxénétisme et la traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle ».
Si chaque département se doit d’être doté d’un tel outil depuis 2016, les choses ont mis un peu plus de temps sur le territoire où, comme l’admet Jérôme Millet, « ce sujet peut passer pour moins urgent au vu des nombreux défis que l’on connaît ici ». « Mais ce n’est pas pour autant qu’il n’existe pas, et qu’il n’était pas indispensable d’apporter une réponse », poursuit le sous-préfet, à la manoeuvre depuis un an pour créer cet outil. « 10 jours après mon arrivée à la préfecture, je me suis aperçu que cette commission n’existait pas malgré les obligations légales. Cela pour la simple raison qu’aucune association sur le territoire n’était agréée pour orienter et prendre en charge les victimes de la prostitution », se souvient le secrétaire général adjoint de la préfecture et actuel directeur de cabinet par intérim.
Du sur-mesure
Depuis, si la crise sanitaire a nécessairement ralenti le travail, il a surtout fallu qu’une association, en l’occurence Mlezi Maoré, reçoive son agrément après la formation d’une quinzaine de ses agents sur les problématiques liées à la prostitution. « Jusqu’à présent, nous pouvions sporadiquement apporter des réponses lorsqu’un dossier nous était soumis, il faisait alors la navette entre différentes administrations et ce n’était pas un travail aussi fin et organisé que nous le souhaitions », étaye Jérôme Millet. Un travail sur-mesure que doit justement permettre la commission nouvellement créée. Et qui doit se réunir au courant du premier trimestre dès lors que des cas pourront lui être soumis à travers le travail de Mlezi Maoré.
Quels types de cas, justement ? « Cela s’adresse à des personnes qui ont montré à travers le cheminement associatif -qui peut être long et compliqué- qu’elles voulaient réellement s’en sortir ». « C’est à ce moment là que nous sommes en mesure de déployer l’appareil d’État pour garantir ou tout au moins favoriser au maximum une sortie de ce milieu avec toute l’offre de service que nous avons à notre disposition ». Agence régionale de santé, Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS), Pôle emploi ou encore le service des étrangers se réunissent ainsi « pour s’assurer que la personne ne retombe pas dans le milieu qu’elle a fuit ». « Souvent le logement est la base, mais se pose bien sûr la question de l’emploi et de tout un suivi médico-social c’est un travail cousu main, adapté à chaque situation », résume Jérôme Millet.