« Nous comptons depuis 3 à 4 semaine une moyenne de 524 cas de covid+ par semaine sur le territoire contre 276 il y a 15 jours. Le nombre a quasiment doublé ce qui démontre une accélération de l’épidémie », a déclaré Dominique Voynet lors de la conférence de presse qu’elle a donné par téléphone ce jeudi 19 janvier. Certes, ce nombre s’explique également par l’augmentation du nombre de tests depuis que ce dernier a été rendu obligatoire pour voyager, mais cette augmentation n’en reste pas moins préoccupante pour la directrice de l’ARS. « Il y a 13,8% de personnes positives au covid à Mayotte [sur le nombre de personnes testées], c’est certes moins qu’en Rhône-Alpes ou dans la région PACA, mais il faut également prendre en compte la présence avérée sur le territoire du variant sud-africain du virus », a précisé Dominique Voynet. Ce variant serait plus contagieux que la souche initiale, mais pas plus grave. Après des semaines de calme relatif, l’ARS a observé une forte reprise des hospitalisations en médecine et en réanimation avec une nouveauté : désormais des formes graves ont été détectées chez des personnes jeunes et en bonne santé, ce qui n’était pas le cas en 2020.
Tout faire pour éviter un reconfinement
La directrice de l’ARS soutient naturellement la décision du préfet d’instaurer un couvre-feu à partir de ce jeudi 21 janvier. « Le but est de réduire les rassemblements de loisir, mais surtout d’envoyer un signal fort à la population qui doit se responsabiliser face au virus », a-t-elle déclaré. Pour elle, il faut en effet « mettre le paquet » pour éviter un reconfinement même si elle est consciente que ces restrictions vont peser sur le moral de la population.
Une vaccination prévue dès le 25 janvier prochain
L’avion militaire apportant les doses de vaccin pour Mayotte se posera le 22 ou le 24 janvier prochain et les premières vaccinations débuteront le 25. Ces vaccins, encore en nombre insuffisant, seront réservés dans un premier temps au personnel soignant de plus de 50 ans qui a travaillé au contact direct des malades ou au personnel atteint de maladies chroniques. Le 25 janvier, c’est le personnel du CHM et des associations de santé concomitantes qui recevront les premières doses, suivis dès le 26 janvier par les professionnels de santé libéraux qui travaillent au domicile des patients atteints du covid. On sait que ce vaccin est moins efficace sur le variant sud-africain que sur la souche initiale, mais cela ne doit nullement freiner la vaccination pour Dominique Voynet. « Le variant sud-africain est présent, mais ce n’est pas la souche dominante sur le territoire, cela vaut donc le coup de se faire vacciner », a-t-elle affirmé en expliquant que le covid présentait le même problème que le virus de la grippe : chaque fois qu’il mutera il faudra adapter le vaccin. « Les capacités de production du vaccin sont loin de couvrir l’ensemble des besoins du territoire, nous attendons avec impatience sa montée en puissance », indique-t-elle.
Ce vaccin étant un produit très évolutif, la directrice de l’ARS a précisé que la meilleure protection était de respecter les gestes barrières, le port du masque et le lavage régulier des mains. En outre, les personnes vaccinées pourront toujours être porteuses du virus et donc le transmettre aux autres. « Le vaccin n’est qu’un élément de protection, c’est une stratégie au long cours, mais il faudra continuer à respecter tout le reste », explique-t-elle en affirmant que « nous ne pourrons pas retrouver l’insouciance de la vie d’avant avant au moins 2 ou 3 ans ».
La peur du vaccin : une spécificité française ?
Bien que la peur de la vaccination soit beaucoup moins forte à Mayotte que dans l’hexagone, Dominique Voynet a néanmoins tenu à rassurer la population. Pour elle, cette peur serait d’ailleurs une spécificité française. « Si vous êtes robustes, vous pouvez vous passer de la vaccination. En revanche, si vous êtes fragiles et donc vulnérables face au virus, vous avez tout intérêt à vous faire vacciner plutôt que de risquer de succomber à la maladie. C’est une question de balance entre coût et bénéfice », explique-t-elle.
N.G