Depuis plusieurs jours, le nombre de cas de Covid est en augmentation proportionnelle avec le nombre de tests. Nous étions ce lundi à un quasi record de 5.568 tests sur la semaine, à saluer. Profitant du démarrage de la campagne de vaccination, nous avons interrogé Dominique Voynet sur l’évolution de la situation, au regard de cette linéarité des chiffres actuels puisque le nombre de cas augmente au même rythme que le dépistage. Nous avions notamment comparé avec le début du mois de novembre, où le taux de positivité était déjà de 13%, constant donc. Pour la directrice de l’ARS Mayotte, la donnée primordiale, c’est le nombre d’hospitalisations, « et il augmente ». En effet, 23 malades atteint du Covid étaient soignés au CHM ce lundi.
Toutes causes de maladies confondues, le service de réanimation est « plein », indique encore Dominique Voynet, « notamment avec les violences de ce week-end », et avec 7 lits attribués à des patients atteints du Covid, « sur 18 lits au total, mais nous pouvons monter à 22 rapidement. Ce qui nous manquera, c’est le personnel supplémentaire. » En conséquence, elle a composé les mêmes numéros de téléphone qu’en avril dernier, « nous avons demandé ce dimanche les renforts de la réserve sanitaire* et du service de santé des armées. » Un afflux potentiellement lié au retour des vacances de Noël.
Mais la crainte à Mayotte comme au national, porte sur les variants. Qu’ils soient britannique, japonais, sud-africain ou brésilien, leur forte contagiosité est avérée, et leur létalité est actuellement encore en observation. Ce sont eux qui font évoluer la situation qui semblait peu ou prou maitrisée. Car avec 73.000 décès du Covid depuis le début de l’épidémie en France, nous dépassons à peine le nombre de morts du seul mois de janvier 2017, (67.000), essentiellement liés à la grippe hivernale sévère cette année là. Il est bon de le rappeler (Source INSEE). Et 2017 avait vu mourir 606.000 français… quasiment l’équivalent de l’année du Covid écoulée, puisque 658.000 personnes sont décédées en 2020 (INSEE). Loin de nous l’idée d’atténuer la gravité de l’épidémie actuelle, mais il s’agit de remettre en perspective.
Les machines s’africanisent
La nouvelle inconnue donc, c’est le variant qui se pare de multiple nationalité, ce qui n’a rien d’anormal selon le médecin et généticien Axel Kahn, « trois cent mille mutants de CoV-2 ont été séquencés dans le monde », explique-t-il sur son blog.
Pour l’instant à Mayotte, 9 cas de variant sud-africain ont été répertoriés sur les analyses qui datent déjà du 9 janvier 2021. « Les prélèvements sont envoyées à l’Institut Pasteur pour toute la France, un séquençage qui prend du temps », nous explique l’infectiologue Maxime Jean, qui annonce une bonne nouvelle, « bientôt, ce que l’on appelle les ‘amorces des séquences ADN’ du variant sud-africain pourront être détectées par les machines à Mayotte. »
Le peu de cas de variant sud-africain actuellement ne peut faire oublier la déclaration de Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique ce dimanche sur BFMTV : « Le variant sud-africain semble provoquer une diminution de l’efficacité du vaccin d’environ 40% ».
Pour Dominique Voynet, la souche initiale du virus est largement prédominante, « ce qui justifie de vacciner le plus possible de gens avec les doses actuelles », en attendant que la recherche soit raccord, « d’ici quelques semaines, nous aurons un vaccin adapté au variant sud-africain. » Car les 9 cas sont disséminés, » ils sont répartis sur 7 communes différentes, avec une crainte de sa diffusion plus rapide donc. »
Le chirurgien-dentiste Jean-Yves Poisson attendait son tour de piquouse ce lundi de lancement de campagne, « je le fais pour me protéger, mais aussi pour protéger mes patients ».
Anne Perzo-Lafond
*Animée par Santé publique France, la Réserve sanitaire est une communauté de professionnels de santé (médecins, infirmiers, pharmaciens, masseurs kinésithérapeutes, sages-femmes…) ou de la santé (cadres, directeurs, agents d’un établissement de santé, ingénieurs sanitaires…) volontaires et mobilisables par l’État. Elle peut être mobilisée à la demande du ministère des Solidarités et de la Santé ou sur demande d’une ARS