Nouvelle agression à Koungou. Après un scootériste arrêté par des coupeurs de route en début de semaine dernière, qui y a laissé son deux-roues, c’est une ambulance ce samedi soir qui a été caillassée à hauteur de La Poste. Elle arrivait du Centre médical de référence de Dzoumogne, le chauffeur a été blessé à la tempe. Comme pour le scootériste, les gendarmes ont dû intervenir à coup de tirs de grenades lacrymogènes. Des interventions qui se font entendre toutes les deux nuits environ sur le secteur. En solidarité, le personnel de l’hôpital de Dzoumogné a débrayé ce lundi.
A l’origine de ces faits, des jeunes, « qui jouent au chat et à la souris avec nous », rapporte le colonel Capelle, à la tête de la gendarmerie de Mayotte. Il explique escorter désormais systématiquement les ambulances, « et nous intervenons immédiatement sur les tentatives de barrages. Mais il s’agit de jeunes qui restent à 50 mètre de nous, très mobiles, impossible à interpeller. Je ne peux pas mettre des gendarmes tout le long des 17 km de la commune, entre Longoni et le rond-point de Jumbo. » Il constate que ces faits se produisent par période, « ça s’est bien apaisé depuis le mois d’août septembre, lorsque je suis arrivé sur l’île. » A l’époque, des bandes terrorisaient les habitants. Mais c’est bien la preuve que rien n’est réglé.
« A Majikavo Lamir, la prévention fonctionne »
Nous l’avions rapporté, les habitants savent qui sont ces jeunes, mais refusent de donner les noms, comme nous avait expliqué un agent de la mairie, « à peine ils sont interpellés, ils sont relâchés, et savent qui les a dénoncé, et se vengent. » Un problème de taille pour le gendarme, « je ne peux pas interpeller un jeune s’il n’y a pas de témoignages. Il faudrait les prendre en flagrant délit, mais ils se faufilent dans les ruelles dès que nous nous arrêtons. »
Comme nous l’interrogeons sur les actions en journée dans les quartiers, Olivier Capelle explique qu’il y en a eu une ce samedi, « juste histoire de marquer le terrain ». D’autre part, difficile de sécuriser une zone pendant une longue période, explique-t-il, « c’est se priver de dispositif sur d’autres en besoins également, on ne peut pas démultiplier ces actions ». Pas besoin d’être matheux pour comprendre qu’il n’y a donc toujours pas assez de forces de l’ordre sur le territoire. Du moins, tant que la prévention n’aura pas porté ses fruits. « La vraie et la seule solution repose sur la capacité des parents ou des référents d’encadrer ces jeunes qui n’ont parfois que 10 ans », répète le militaire.
Plusieurs associations ont débuté un vrai travail auprès de ces jeunes, et nous nous en étions fait l’écho à Majicavo Lamir. « Dans ce village, les voisins de ces jeunes veillent et les ramènent chez eux quand ils les voient trainer. Nous avons d’ailleurs développé une coopération avec eux, notamment pour réguler les comportements dans les transports scolaires. Ce n’est que comme ça que ça marchera, dans un partage des tâches. »
Anne Perzo-Lafond