Un tiers des natifs de Mayotte, des Antilles et de Guyane âgés de 15 à 64 ans vivent dans une autre région française, d’après les données datant de 2017. L’Insee indique que les jeunes d’outre-mer quittent leur région de naissance plus souvent que par le passé, notamment ceux de Mayotte. Il s’agit d’une tendance que l’on retrouve dans la plupart des régions françaises : les jeunes quittent leur région de naissance plus souvent qu’auparavant.
Cependant, à Mayotte, la départementalisation a accéléré le départ des natifs. En 10 ans, la part des Mahorais vivant hors de leur région natale a ainsi augmenté de 12 points. De plus, Mayotte se distingue des autres régions françaises car il s’agit de la seule dont les jeunes se tournent vers un autre DOM plutôt que vers l’Hexagone. En effet, 16 % d’entre eux résident à La Réunion.
En revanche, les natifs de La Réunion sont nettement moins mobiles. Ce constat s’explique par le fait que la poursuite des études ou la recherche d’un emploi constituent les principales motivations des départs vers la France métropolitaine. Or, à La Réunion, l’offre universitaire est plus développée qu’à Mayotte ou aux Antilles.
À l’inverse, le centre universitaire de Mayotte n’a pour le moment pas la capacité d’accueillir tous les jeunes étudiants, de plus en plus nombreux depuis le développement des infrastructures scolaires. On compte seulement 6 étudiants inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur mahorais pour 10 bacheliers en 2018. À Mayotte, en 2017, 55 % des jeunes âgés de 21 à 29 ans ont quitté leur île de naissance, principalement pour poursuivre leurs études.
Les retours se font autour de la trentaine, et ils sont plus précoces à Mayotte que dans les autres DOM. Par rapport aux régions de Métropole, les retours dans les cinq DOM sont plus fréquents. À partir de 35 ans, la part des natifs d’outre-mer vivant hors de leur région natale diminue, la plupart expliquant qu’être éloignés de leur cadre de vie natal et des attaches familiales leur coûte.
Lorsqu’ils vivent en métropole ou à La Réunion, les jeunes Mahorais se trouvent moins souvent en emploi. L’illettrisme en langue française constitue en effet un frein : 73 % des jeunes Mahorais de 17 ans lisent difficilement en français en 2019, contre 30 % aux Antilles et à La Réunion et 55 % en Guyane. En revanche, ils accèdent plus facilement que dans les autres DOM à un emploi dans leur région de naissance, à raison de 80 % contre 73 %. Le diplôme demeure ainsi la première clé de l’insertion professionnelle des jeunes Mahorais.
Marine Wolf