« Il y avait une foule de gamins ce matin devant l’école, je n’ai pas bien vu qui était accompagné ou pas », nous explique un surveillant à l’entrée d’une école de la commune. Qui rajoute, « il y avait malgré tout beaucoup plus de parents qui sont venus accompagner leurs enfants. » Pour autant, des enfants sont venus sans parents, nous explique-t-il, « on n’a pas pu faire autrement que de les accepter. Surtout que ceux qui n’ont pas de papiers ne vont pas se risquer jusqu’à l’école, ils ont peur de la sécurité ».
Du côté des collèges, les responsables ne voient pas comment appliquer l’arrêté : « Nous avons accueilli tous les jeunes qui se présentaient ce matin. Sur l’ensemble des élèves de l’établissement, ils sont environ 10% à poser des problèmes, soit pour non assiduité, soit pour des violences. Ce sont justement ceux qui ne sont habituellement pas accompagnés par les parents. Je pense que pour travailler sur la parentalité, il faut plutôt obliger les parents à garder leurs jeunes le soir à la maison, par exemple avec un couvre-feu ».
Un Conseiller Principal d’Education (CPE) nous indique que, malgré tout, plusieurs parents ont amené leurs enfants jusqu’à la grille ce matin, « l’objectif de retour de la parentalité est bon, mais nous sommes obligés par la loi d’accueillir tous les élèves. »
Du côté des parents, les positions divergent. « Comment je vais faire pour amener mes quatre enfants, dont deux sont à l’école, et un au collège, et alors que je travaille ? », s’inquiète Hadidja. Pour un grand-père qui amène sa petite fille par contre, « c’est bien, ça rassure, parce que c’est le bazar chez les jeunes, ça nous fait peur. En plus, ils sont petits, on peut pas les laisser aller tout seul. »
Le recteur Gilles Halbout ne pouvait souscrire qu’à l’objectif poursuivi, mais pas à ses conséquences : « Je salue cette initiative qui permet de ramener les parents vers l’école, de renouer le contact, et d’ailleurs, on nous signale un petit frémissement positif dans l’accompagnement des élèves. Mais pour autant, nous devons accueillir les enfants qui se présentent, il n’est pas question de les renvoyer chez eux, c’est la loi. »
Pour que la mesure du maire de Mamoudzou porte ses fruits, il faut donc accentuer la pédagogie, et parvenir à toucher les parents démissionnaires, sans que les enfants n’aient à en subir les conséquences.
A.P-L.