« Vous travaillez au Conseil départemental ? » interroge la présidente du tribunal correctionnel. « Non, je suis enseignante » balaye Mariame Saïd. Mais si l’élue est bien professeur, elle est aussi et surtout la 5e vice-présidente du conseil départemental, en charge de l’éducation et de la formation professionnelle. Un poste clé à Mayotte.
On imagine dès lors son souhait de rester discrète face à des accusations graves. Mais ni le foulard dans lequel elle se drapait, ni les lunettes de soleil qu’elle conservait dans la sombre salle d’audience du tribunal correctionnel, n’ont suffi à empêcher les journalistes présents de la reconnaître. « On ne vous échappe pas facilement à vous » ironisait-elle en sortant du tribunal.
Précisons tout de suite qu’elle ressortait alors libre, sans condamnation aucune, et sans avoir eu à s’expliquer sur la présence, le 23 septembre dernier, de 3 ouvriers en situation irrégulière dans sa maison de Mamoudzou. Tout simplement parce que l’infraction constatée ce jour-là par des policiers de la PAF l’a été… en toute illégalité.
Les fonctionnaires étaient en effet mandatés par le procureur pour mener des contrôles dans des lieux à usage professionnel, et n’avaient aucun droit dans ce cadre de pénétrer comme ils l’ont fait dans une habitation. Et c’est la troisième fois en moins de deux mois qu’un cas similaire arrive au tribunal. Sans surprise, l’avocat de l’élue, Me Abdel-Lattuf Ibrahim, a demandé la nullité de la procédure en raison de l’illégalité du contrôle. « Les policiers n’avaient pas le droit de rentrer chez elle ».
Des questions qui resteront sans réponse
Un contrôle tellement irrégulier que contrairement aux deux procès similaires précédents, le parquet n’a même pas essayé de défendre l’action des policiers, ou de demander une peine. Le procès a donc été expédié en quelques minutes chrono pour aboutir à une relaxe.
Ce qui est dommage, c’est que la mort prématurée de cette procédure judiciaire n’a du coup pas permis d’expliquer ce que faisaient les 3 étrangers en situation irrégulière ce jour-là chez Mariame Saïd. Celle-ci avait selon son avocat mandaté l’entreprise de BTP de son ex-mari, également poursuivi (et également relaxé) dans cette histoire, pour « de la soudure ». Absente lors des faits, elle ignorait selon Me Ibrahim la présence des ouvriers chez elle.
Et comme les deux mis-en-cause ont soigneusement gardé le silence sur le conseil de leur avocat, « on ne sait même pas », dit ce dernier, ce qui a conduit des ouvriers en situation irrégulière sur ce chantier. Des ouvriers selon l’avocat « incapables de donner le nom de leur réel employeur ». « On ne sait pas si c’est elle, son mari ou son ex mari, à aucun moment on n’a creusé la question. Elle, elle avait fait appel à une société qui est celle de son ex-mari. On ne sait pas qui a embauché ces personnes, ce qui est sur c’est que ce n’est pas Mariame Saïd ».
Faute de pouvoir s’en expliquer devant la justice, nous avons proposé à l’élue de s’en expliquer dans nos colonnes, mais elle s’est refusé à tout autre commentaire qu’un « ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas au Conseil départemental. Pas professionnellement. On arrête là ».
Y.D.
Pfff continuons ainsi
Ça étonne qui ?