Loi Mayotte : « à force de se répéter ça va peut-être finir par payer »

Une centaine de personnes a participé ce mercredi matin au premier forum citoyen organisé dans le cadre de la future Loi Mayotte. Si l'initiative était saluée par une bonne partie du public, les différentes interventions ne brillaient pas par leur originalité. De quoi alimenter le discours des sceptiques pour qui "on ne fait que répéter ce que l'on a dit des centaines de fois, le gouvernement a déjà toutes les clefs pour agir".

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Si les agents de la mairie de Dembéni ont largement grossi les rangs, c'est une salle comble - en jauge covid - qu'ont trouvé les représentants de l'État pour cette première consultation citoyenne.

« Désormais c’est votre moment! » Après un bref rappel des différents enjeux afférents aux cinq thèmes de la consultation (égalité en matière de droits sociaux ; renforcement de l’État régalien afin de faire face aux enjeux sécuritaires, migratoires et de sécurité civile ; accélération du développement de Mayotte ; renforcement du Conseil départemental ; jeunesse et insertion), le préfet lance les tours de parole. 

Flanqué de son état-major préfectoral et accompagné par la directrice générale des Outre-mer, Sophie Brocas, voilà donc Jean-François Colombet à la manoeuvre de cet exercice inédit, désignant les intervenants et résumant leurs interventions à la substantifique moelle demandée : des propositions. « Voilà le genre de contributions extrêmement concrètes que nous attendons », félicite-il ainsi le premier orateur venu réclamer un « délai de convergence des droits sociaux divisé par trois ».

« On note tout, on fera tout remonter »

Une demande d’ailleurs mainte fois réitérée et qui « sera comme toutes les autres contributions transmise au gouvernement », promet le préfet. Sans surprise, le sujet de l’immigration et de la sécurité aura donné lieu à des interventions enflammées. Et largement saluées par l’assistance. Même le policier municipal qui surveille les entrées ne peut s’empêcher d’applaudir quand le deuxième intervenant réclame que « les mères sans papier soient reconduites à la frontière dès la sortie de la maternité ». « On note tout, on fera tout remonter », répète le maître de cérémonie.

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Pour Hamadi Mroudjae, notable de Tsararano, « si un Malgache commet un délit ici, il doit être emprisonné à Madagascar! »

Et on l’en remercie à plusieurs reprises. « Ce n’est pas souvent que la population à la possibilité de s’exprimer ainsi », apprécie ainsi une intervenante. « Merci Monsieur », répète en boucle Hamadi Mroudjae, notable de Tsararano et président des agriculteurs de Dembéni lorsque le représentant de l’État extirpe de son intervention des propositions à transmettre à Paris. Pêle-mêle, le notable demande à ce que le nombre de conseillers départementaux passe à 52 pour correspondre au quorum régional, des renforts en « techniciens supérieurs pour préparer les dossiers » d’infrastructures, des centres de formation professionnelle, des centres éducatifs fermés pour les mineurs délinquants, l’expulsion de ces derniers lorsqu’ils sont étrangers ou encore l’intégration à l’espace Schengen et l’intervention de l’agence Frontex.

Deux dernières « belles idées » pour Issa Issa Abdou, qui, comme son concurrent à la tête du Département, Mansour Kamardine, n’aura pas manqué d’intervenir. « Que l’université de plein exercice ne soit pas un vœu pieu », plaide le vice-président de la collectivité quand le député réclame la régularisation massive des bâtis. Et tous deux de presser pour la convergence sociale.

« C’est du cinéma tout ça »

Pas plus citoyenne comme les autres, Sarah Mouhoussoune, la conseillère mahoraise du Conseil économique, social et environnemental (Cese), a demandé un durcissement des peines concernant la reconnaissance frauduleuse d’enfants ou le mariage blanc. Plus de sévérité, également, concernant les « caillasseurs » réclame un habitant, désolé de voir la « justice absente alors qu’elle est pourtant concernée » dans les rangs des officiels.

Au total, une trentaine de propositions auront été notées par les services de l’État en vue de leur transmission. Pas de quoi, cependant, rassurer Mohamadi quant à leur avenir.

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Une trentaine de propositions auront été extraites des échanges.

« C’est du cinéma tout ça », peste à la sortie de la Maison pour tous le quarantenaire qui aura tout de même fait le déplacement depuis Pamandzi. « C’était important d’être là car on ne peut pas ne pas jouer le jeu mais je n’y crois pas », souffle le père de famille « fatigué de voir que l’on ne construit plus des maisons mais des prisons ». « Il n’y a pas besoin d’une loi Mayotte, tout ce qu’on demande c’est d’être traités et de pouvoir vivre comme n’importe quel citoyen Français », assène-t-il.

Même son de cloche chez deux bacocos pour qui « tout ce qui a été dit a déjà été dit, on ne fait que se répéter et le gouvernement a toutes les clefs pour agir s’il le souhaite ». Mais si pour le premier « on se moque un peu de nous pour qu’on se tienne tranquille », bien certain que « tout ça ne mènera encore une fois à rien », le ton est plus optimiste chez les aînés: « on se répète peut-être mais au bout d’un moment ça finira peut-être aussi par rentrer Insh’Allah », sourit l’un d’eux.

G.M.

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