Mise en place d’une vraie Politique de la ville à Mayotte, pour combler le fossé entre villages

La Politique de la Ville de l’Etat ne s’est structurée que depuis un peu plus d’un an à Mayotte avec la nomination d’une directrice du GIP. Il s’agit de doter les quartiers déshérités. A travers un Séminaire ces jours-ci, il s’agit d’inculquer cette culture chez les maires et dans le monde associatif.

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Politique de la ville, Mayotte
Linda Rabahi lançait le Séminaire de la Politique de la Ville à Chirongui

C’est un faux ami. Contrairement à ce que laisse entendre le terme, la Politique de la ville ne relève pas de la commune mais de l’Etat. Elle a été initiée en France à la fin des années 70 alors qu’émergeait le problème des banlieues. Son objectif est d’améliorer la vie quotidienne des habitants des territoires en difficulté. Avec un objectif, réduire le fossé qui les sépare des quartiers les plus favorisés pour renforcer l’égalité des chances.

Cette politique se concrétise à travers des contrats de ville, signés par l’Etat, les collectivités locales et leurs partenaires, qui s’engagent dans le domaines de la cohésion sociale, de l’emploi et du développement économique, du cadre de vie et du renouvellement urbain.

A Mayotte, les 17 communes bénéficient de ses financements, chacune comprend un à trois quartiers Politique de la Ville (QPV). 36* quartiers ont ainsi été classés comme prioritaires, dont 4 bénéficient de la Nouvelle politique de rénovation urbaine, M’gombani, Kawéni, La Vigie, Majikavo Koropa.

Sur le territoire où 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté, 70 % de la population vit dans les 36 quartiers prioritaires de la politique de la ville. C’est trois fois plus que dans les autres DOM (20 % de la population) et huit fois plus qu’en métropole (8 %). « La population y a augmenté de près de 5% par an », indique en préambule du Séminaire le GIP Maore Ouvoimoja.

A l’Ouest, les conditions de vie s’améliorent contrairement à l’Est (Carte INSEE)

Une partition Ouest/Est

Il souligne l’inégalité du territoire, « la part des habitants vivant dans un quartier prioritaire varie de 22 % dans les communes de Dzaoudzi et Pamandzi à plus de 90 % dans quatre communes du nord-ouest de l’île, M’Tsangamouji, Ouangani, Tsingoni et Acoua ». Si le même phénomène est constaté en métropole, ici, il s’aggrave avait souligné une enquête de l’INSEE. Le fossé se creuse en effet entre « deux Mayotte », avait analysé Djamel Mekkaoui, directeur territorial de l’INSEE lors de sa publication : « Les 16 villages les moins favorisés ont vu leurs conditions de vie se dégrader avec le temps, tandis qu’elles se sont améliorées dans les 10 village les mieux cotés ». L’île est quasiment partagée en deux en terme de conditions de vie.

L’étude notait une forte concentration d’habitat en tôle (62%) dans les 16 villages en difficulté, dont moins de la moitié ont l’eau courante. Un quart des habitants des cases en tôle sont français, les autres sont donc étrangers, pour moitié en situation régulière. Compliqué de mettre en place les politiques publiques dans ces conditions, mais c’est la dessus que doit se pencher la Politique de la Ville. Lors de la sortie de ces données en octobre 2019, la Politique de la Ville était encore peu structurée à Mayotte. Le secrétaire général de la préfecture Edgar Pérez nous avait expliqué que, faute de gouvernance, la Politique de la Ville agissait par saupoudrage, « avec une logique de guichet, sans stratégie ».

Ce n’est plus le cas puisque depuis, le GIP Politique de la Ville a été installé, et la directrice Linda Rabahi, nommée. On attend donc beaucoup du Séminaire organisé à Chirongui. On a vu à Majikavo Koropa qu’avec des outils bien utilisés, des chantiers d’insertion peuvent redonner de l’avenir aux jeunes du territoire.

Après les institutionnels mercredi, les acteurs associatifs sont attendus ce jeudi 20 mai

Il s’agit donc ces jours d’initier une vraie conscience de la Politique de la Ville chez les élus en leur détaillant les mécanismes. Les contrats de ville que leurs prédécesseurs ont signé en 2015, arrivent à échéance le 31 décembre 2022. De leur bilan permettra d’être dégagées des pistes pour la signature des prochains. Les temps d’échange proposés doivent y participer.

Anne Perzo-Lafond

* Village QPV : Village de Acoua – Village de Bouéni – Village de Chiconi – Village de Kani Kéli – Village de Mtsamboro – M’tsahara – Village de M’Tsangamouji – Chembenyoumba – Village de Sada – Village de Tsingoni – M’tsangadoua – Village Bandrélé – M’tsamoudou – Iloni – La Vigie (Dzaoudzi) – Choungui – M’tsapéré-Cavani-M’Gombani – La Vigie (Pamandzi) – Village Combani – Mroalé – Dzoumogné – Village de Bandraboua – Bouyouni – Nyambadao – Poroani-Mréréni – Village de Chirongui – Tsararano – Village de Dembéni – Village de Koungou – Barakani – Village de Ouangani – Ongoujou – Majicavo Koropa – Longoni – Kawéni – Kahani – Miréréni

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