« L’impossible ne doit plus avoir sa place à Mayotte et il ne l’aura pas chez Nayma car chacun prendra sa part », a promis ce mardi Roukia Lahadj devant une foule de représentants d’institutions, du secteur économique ou d’associations. Pour la présidente de la structure nouvellement créée, on assisterait même avec Nayma au « début d’une aventure qui s’annonce extraordinaire, voire même révolutionnaire ». Forte de ces promesses et d’un « devoir envers cette île et notre jeunesse », l’équipe de l’association a ainsi érigé un projet reposant sur quatre piliers se voulant interdépendants : l’insertion par l’activité économique à travers des chantiers environnementaux, la solidarité avec notamment l’installation d’une trentaine de micro-crèches d’ici 2023, la formation professionnelle ou encore la coopération régionale.
Et c’est le premier de ces pôles qui fêtait ce jour son entrée en service. Déjà, depuis le 10 mai, 72 salariés en insertion ont entamé un contrat d’un an financé par l’État. Si la première cuvée est issue du territoire de la Cadema, le contingent doit s’élever à 204 travailleurs de tout le territoire d’ici la fin de l’année, encadrés par une cinquantaine de salariés de l’association.
« C’est aussi important pour moi que pour tout le monde sur cette île »
Fatima Daoud, assise sous une tente à l’extérieur à observer par écran interposé la cérémonie qui se déroule dans la Maison pour tous est l’un de ces encadrants. Et la seule encadrante. Du haut de ses 37 ans, celle que les salariés en insertion décrivent déjà « comme une maman », se dit « fière d’avoir intégré l’équipe ». « À l’origine je suis agricultrice mais ça ne marchait pas vraiment et depuis toujours je m’intéresse à l’environnement. Je suis très engagée là dedans, notamment à travers une association mais tout cela je le faisais bénévolement. alors quand j’ai eu cette opportunité de devenir professionnelle, j’ai sauté sur l’occasion », explique-t-elle. Pour l’agricultrice du Bénara, « ce projet est une évidence, je ne comprends même pas pourquoi ça n’a pas été fait avant. Mais bon, vaut mieux tard que jamais ».
Cerise sur le gâteau, « sur le terrain c’est vraiment super, les salariés sont très impliqués et jouent vraiment le jeu. Ils viennent chercher une vie meilleure tout en rendant le territoire plus propre et en le protégeant, tout le monde est gagnant ». À ses côté, Mradabi Mahamoud acquiesce. Après avoir enchaîné les petits boulots sans réelles perspectives, le cinquantenaire se dit fier de « travailler dans le domaine de l’environnement. « C’est ce que je veux faire et je suis sûr que ça me permettra de m’installer là-dedans, je suis fier d’avoir intégré cette équipe, ça me fait du bien au coeur. C’est aussi important pour moi que pour tout le monde sur cette île », poursuit-il dans un sourire.
Objectif de 60% de « sortie positive »
Tous n’auront pas vocation à travailler dans l’environnement, le principe des chantiers d’insertion étant de (re)familiariser les salariés avec les attentes des employeurs, « ne serait-ce qu’être ponctuel, comprendre les attentes et pouvoir les réaliser avec organisation », rappelle en intérieur Emmanuelle Martin, vice-présidente de la structure en charge de l’insertion. Et c’est avec un programme chargé que les salariés trouveront ces repères : ramassage des déchets, sensibilisation de la population, renaturalisation des berges et des mangroves ou encore aménagement des espaces naturels vont rythmer leur quotidien. Dans le même temps, Nayma fournira un suivi médical, professionnel, social, en recherche de formation et d’emploi aux salariés. Avec un objectif de 60% de « sortie positive », soit en formation, soit en emploi. De quoi illustrer l’adage de la vice-présidente : « protéger l’environnement, c’est protéger les hommes ».
Grégoire Mérot