Attractivité, contractuels, ex-instituteurs de Mayotte : la feuille de route du rectorat au Grenelle de l’Education

A la lecture de ce toilettage en profondeur des ressources humaines pour l'académie de Mayotte, on prend la mesure des articulations parfois rouillées du mammouth. Des réponses sont apportées aux demandes récurrentes des syndicats. On pense à l’évolution de l’indexation ou encore à l’accompagnement des contractuels.

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Jean-Michel Blanquer échangeait avec des élèves lors de son passage à Mayotte en août 2018 (Photo : JDM)

Aux grands mots les grands remèdes. L’expression colle au Grenelle, mot utilisé pour qualifier une discussion de grande ampleur, cette fois consacré à l’amélioration du service public de l’Education nationale. Voulu par le ministre Jean-Michel Blanquer, il débouche sur 12 grands engagements, dont une décision attendue, la revalorisation des salaires d’une profession sous-payée en métropole au regard des voisins européens. « Une enveloppe globale de 700 millions d’euros sera mobilisée en 2022 », indique le ministre dans une lettre ouverte ce 26 mai. (Lire le courrier de JM Blanquer)

Une décision qui s’accompagne d’une gestion renforcée des ressources humaines, comprenant un accompagnement personnalisé des personnels, le renforcement du rôle des chefs d’établissement, ou encore l’amélioration de la gestion des remplaçants.
Une démarche qui a laissé à chaque académie la liberté de construire sa propre feuille de route des ressources humaines. Sur 14 pages, celle de Mayotte détaille les difficultés rencontrées et les mesures proposées, « fruit d’un long travail de réflexion nourrie par le dialogue social de notre académie. Elle a été présentée à la représentation des personnels lors d’un comité technique académique », indique le rectorat dans un communiqué.

A Mayotte, les écarts de niveaux entre élèves nécessitent des adaptations

Le constat n’est pas biaisé, qui annonce dès la 1ère partie, portant sur la reconnaissance des investissements de chacun, la proportion de contractuels dans le 2nd degré passé de 20% à 50% « en quelques années », et des personnels de direction « faisant fonction », qui « pénalise le pilotage des établissements ». Plus généralement, on voit que l’institution fonctionne à deux vitesses, « historiquement, beaucoup d’agents du rectorat et des établissements, ont été recrutés sur diplôme sans avoir toutes les compétences métiers des postes qu’ils occupent. » Reconnaître à la fois les difficultés des uns, et l’engagement des autres, est une des pistes, notamment par l’ouverture du bénéfice de l’avantage spécifique d’ancienneté (ASA). Un plan de formation des agents du rectorat et des établissements est également en préparation sur les quatre prochaines années.

Un transfert de régime défavorable aux anciens instituteurs

La situation des instituteurs qui relevaient du conseil général jusqu’à la départementalisation, ont vu leur activité professionnelle partiellement prise en compte lors du passage au régime de retraite de l’Etat, impactant défavorablement leur pension. Une des demandes inscrites dans le dernier communiqué SNUipp. En réponse, est évoqué un dispositif de retraite chapeau, « améliorant les pensions en contrepartie d’un engagement au départ par les bénéficiaires ».

Après plusieurs mouvements de grève dans le 1er degré, l’indexation à 40% avait été appliquée progressivement à Mayotte

De manière plus globale, des problématiques de gestion dans les dossiers, impliquent « d’améliorer les procédure », notamment avec un recours plus poussé au numérique.

Quant aux contractuels, 50% dans le second degré, 30% dans le premier, « leur plan de formation, déjà conséquent, sera amplifié. »

Un chapitre concerne l’enseignement dans le contexte de Mayotte, c’est à dire avec une diversité de publics qui demandent d’adapter la pédagogie. « La connaissance fine des élèves auxquels le professeur s’adresse devrait lui permettre de développer des stratégies d’apprentissage efficaces, mais le nombre de personnels peu formés, le nombre de néo contractuels, les effectifs des classes constituent une faiblesse. Le plan académique de formation est actuellement en refonte, il visera à renforcer l’accompagnement des enseignants vers une meilleure connaissance du public scolaire ». Il n’est pas mentionné une adaptation en classes de niveaux, sujet sur lequel Jean-Michel Blanquer s’était positionné favorablement pour notre territoire.

Une « meilleure prise en compte de la réalité de Mayotte », c’est ce que propose ce document, qui glisse que peut être envisagé « l’alignement de l’indexation sur d’autres territoires ou départements ultra marins », pour l’ensemble des personnels, comme réponse à « l’exposition aux dangers et aux conditions d’exercice des professionnels de l’éducation nationale ».

Un programme qui ne pourra être décliné qu’en passant par la moelle épinière de l’animal, « un plan de formation des agents du rectorat et des établissements est en préparation sur les quatre prochaines années ».

Consulter pour Mayotte le Grenelle éducation feuille de route RH

Anne Perzo-Lafond

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