“Dorénavant, la balle sera dans le camp des pêcheurs de Mayotte”. Après avoir salué “un événement importantissime”, le vice-président du Département Issa Issa Abdou est bien sûr de son fait : avec la pose de la première pierre de la halle de pêche de Nyambadao, accolée à son futur ponton, la structuration de la filière se met en branle. Et avec elle de belles promesses pour “la souveraineté alimentaire” ou encore contre “l’histoire absolument insupportable de la vie chère à Mayotte”, s’enthousiasme l’élu en campagne dans son fief de Bandrélé.
Et c’est justement en campagne, mais des municipales en 2014 qu’Ali Moussa Moussa Ben s’était engagé à mener ce projet aux contours fixés un an plus tard. Six ans plus tard, “ce dossier qui a demandé beaucoup d’efforts” prend donc pied sous la forme d’une halle
de 205 m2, qui doit permettre la réception, la préparation, le stockage et la vente de poisson, sans oublier sa machine à glace pour les pêcheurs et le camion frigorifique pour les livraisons. Filant vers la mer, un ponton flottant de 80 mètres permettant d’accoster sans contrainte de marée. “Un outil complet” donc, se réjouit le maire, qui vient s’ajouter aux deux marchés couverts fraîchement inaugurés ainsi qu’à l’installation prochaine d’agriculteurs sur quelque 20 hectares municipaux.
Sept halles et pontons d’ici fin 2022
Pour en revenir à nos poissons, rappelons que l’équipement de 1,2 million d’euros financé par la commune, le Département, le FEAMP et l’État, s’inscrit dans un projet global de sept pontons et halles à marées sur l’ensemble du territoire d’ici la fin 2022. Si à Kani-Kéli, les travaux avancent et permettent d’espérer une réception d’ici trois mois, Bandrélé fait office de challenger quand les autres traînent encore en longueur. Qu’à cela ne tienne, la sous- préfète se satisfait tout de même des “anomalies que l’on commence à réparer” au sujet de la “faiblesse de la filière pêche” et de l’absence de pontons. Lesquels ne serviront pas seulement aux pêcheurs, vante la haute-fonctionnaire : “en soutenant cela, l’État a aussi une petite idée derrière la tête”, glisse-t-elle dans un sourire. “Ces pontons seront très utiles à la lutte contre l’immigration clandestine”, fait ainsi valoir celle qui aime à se rappeler bretonne.
En attendant, les pêcheurs du village restent à l’écart des festivités. Bougon, Ali aurait préféré que la plage qu’ils utilisent soit remblayée alors que la mer ne cesse de gagner sur le littoral. Bon an mal an, le pêcheur assure tout de même qu’il utilisera l’équipement. “Mais j’espère que ça ne va pas devenir trop compliqué sur le plan administratif”, souffle-t-il une carangue à la main.
Grégoire Mérot