Les associations environnementales interpellent les candidats

Trop peu de candidats aux départementales ont inscrit les enjeux liés à l'environnement, déplorent plusieurs associations qui ont décidé de rédiger une charte à destination des futurs élus. Les bénévoles veulent notamment faire tomber cette opposition entre environnement et développement pour mieux penser les années à venir.

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Plusieurs associations se sont unies pour interpeller les candidats aux départementales

L’environnement « a été le parent pauvre de la mandature précédente » juge, amer, Michel Charpentier, président des Naturalistes de Mayotte qui ne nie toutefois pas « quelques avancées ». « Il est important, avant que les candidats ne soient élus, d’insister sur le fait que la protection de l’environnement doit s’inscrire dans les politiques publiques » poursuit-il.
C’est dans cette optique que l’association Nayma a décidé il y a deux mois à peine de rédiger une charte* d’engagement à destination des candidats. Pour Emmanuelle Martin, vice-présidente de l’association, la nature à Mayotte  « est en train de se dégrader à une vitesse alarmante avec des conséquences sur les humains comme les épidémies de leptospirose dans les villages. Il est urgent d’agir. Le Département au vu de ses compétences a toute vocation à être moteur pour donner un coup de pouce à l’environnement ». Pour y parvenir, les bénévoles ont listé un ensemble de propositions « comme moduler l’octroi de mer en fonction de la durabilité des produits, ou encore une campagne de communication avec des moyens conséquents pour accompagner des changements dans les comportements » notamment en matière de gestion des déchets.

La plupart des principales associations environnementales se sont jointes depuis au projet : les Naturalistes, Oulanga Na Nyamba, Mayotte Nature Environnement mais aussi Yes We Cannette et Tifaki Hazi en font partie. « On invite aussi les candidats qui le souhaitent à nous contacter pour venir signer cette charte d’engagement pour faire de l’environnement un objectif pour les 6 ans à venir » propose Emmanuelle Martin.

Emmanuelle Martin plaide pour un travail en bonne intelligence des politiques avec les associations

Pour les signataires associatifs, l’urgence est criante. Pour Michel Charpentier, « il est clair que si on continue dans la dynamique qui est en cours, ce n’est pas dans 50 ans qu’on aura des retombées mais à l’horizon de 10 ans. A Saziley qui est une zone de forêt sèche, dans moins de 5 ans ça sera une bananeraie, et c’est valable pour d’autres secteurs ». « A Anjouan il y a eu aussi une déforestation massive, une étude des années 2000 a montré que depuis 1950 la moitié des cours d’eau pérennes sont devenus des cours d’eau intermittents, ça doit nous alerter » poursuit-il.

Des cours d’eau qui se jettent dans un mer elle aussi dévastée. Une opération de nettoyage dans le sud a conduit au ramassage de l’équivalent de 6 sacs de 50 litres de déchets, sur un bassin versant qui n’est proche d’aucune habitation. Autrement dit, 100% de ces déchets venaient de la marée.

De quoi alarmer aussi sur l ‘avenir de la pêche à Mayotte. « Concernant les poissons, je ne donne pas cher de la peau de cette ressource qui est déjà en train de diminuer, on a la pollution visuelle des déchets mais aussi une pollution chimique qui arrive dans le lagon et dénature ce qu’il y a dedans, à laquelle s’ajoute l’envasement des coraux. Ensuite les candidats misent sur un développement d’un tourisme durable, on ne pourra pas développer un tourisme de luxe ou nature si l’île est jonchée de déchets » complète Emmanuelle Martin qui « espère qu’un certain nombre de candidat viendront s’engager publiquement ».

Pour les y inciter, les associations ont dressé des exemples à ne plus suivre, comme la rocade de Mtsapéré, qui a été bâtie à la place d’une importante mangrove.

Michel Charpentier espère empêcher de réitérer les erreurs du passé pour conciler écologie et développement

« A MTsapéré on a rasé la mangrove pour faire la rocade et on se retrouve avec un immense terre plein qui ne sert à rien car il est inondable, c’est de l’aménagement qui est fait en dépit du bon sens, il suffisait de faire passer la route devant la mosquée et on pouvait réserver la mangrove. Il faut essayer de composer et trouver des solutions équilibrées » reprend Michel Charpentier.

« Il ne faut pas que les politiques nous voient comme un frein à leurs projets, on peut aussi être là pour apporter des solutions techniques, environnementales, les associations ont leur mot à dire » abonde Emmanuelle Martin.

Le candidats intéressés peuvent contacter l’association Nayma à l’adresse suivante : contact@nayma.org

Y.D.

*Charte d’engagement des candidat.e.s dans le cadre des élection du conseil départemental en faveur de l’environnement

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