« C’est bizarre, il y a deux binômes qui sont séparés de chaque côté de la table », fait remarquer un oeil averti. Et pour cause, après plusieurs jours d’intenses tractations pour la composition d’une majorité départementale réunie sous un chef, le placement des conseillers sous la tente dressée spécialement pour la séance disait déjà tout, ce jeudi, de l’issue des votes. Côté gauche, on fait grise mine quand, côté droit, on a déjà un petit sourire en coin. Et de ce bord, on retrouve avec surprise Ali Omar, binôme de Maymounati Moussa Ahamadi, quant à elle restée du côté de Daniel Zaïdani et les figures du renouveau à l’image d’Hélène Pollozec.
Tout est joué donc, tractations et trahisons ont déjà la veille au soir scellé les destins. Mais qu’importe, Mansour Kamardine en doyen de séance joue le jeu et fait procéder au vote. À droite, on présente Ben Issa Ousséni, ancien vice-président aux finances et élu dans le
canton de Tsingoni. À gauche, Maymounati Moussa Ahamadi, présidente de la CRESS qui porte en elle l’image du renouvellement et une potentielle page de l’histoire titrée par une femme. Deux voies d’écart mais déjà décidées, suffiront à doucher ses espoirs. Et à l’annonce du nom du nouveau président, on éructe de joie à droite. « On l’a fait, on a réussi, la droite est au pouvoir », s’emballe Abdoul Kamardine (LR – Mtsamboro). Finis les gestes barrières, on s’embrasse à tour de bras pour savourer la victoire.
« Oui, il y aura une véritable opposition »
Forcément, l’ambiance est moins bonne à babord, où quelques faisceaux d’espoir brillaient encore chez certains conseillers. « On ne sait jamais, il peut toujours il y avoir des retournements de situation, il y en a tellement eu jusqu’à hier soir », glisse l’un d’entre eux. La déception est grande et on l’annonce déjà : le clivage profond. « Même s’il faut bien sûr que l’on travaille tous dans l’intérêt de Mayotte, nos méthodes et notre sens de l’engagement divergent. Oui, il y a aura une véritable opposition », annonce Daniel Zaïdani à la suspension de séance. Temps mort durant lequel les listes pour la composition de la commission permanente et la composition du bureau doivent se dresser entre élus pour être proposées au vote.
Mais là encore, tout est déjà joué. En signe de paix, Ben Ali Ousseni avait avant la suspension proposé d’inscrire tous les conseillers à la commission permanente. Reste qu’à défaut d’autre proposition, comme c’était le cas, les premiers noms de la liste décrochent
les fauteuils de vice-président. Une « formalité » démocratique, boudée par les conseillers de la désormais opposition, restés en dehors de la tente. Mais revenue à temps pour faire une ovation ironique à Ali Omar… nommé troisième vice-président.
Dernier épisode de la séance ; la lecture de la charte de l’élu. Laquelle rappelle les principes d’intégrité et le sacerdoce exigé quant à l’intérêt général. Et glisse dans l’ignorance des discussions. Avant la photo, pour laquelle l’opposition déclinera l’invitation.
G. M