Le volcan sous-marin se fait mousser au marché de Coconi

Le nouveau volcan découvert en 2019 au large de Mayotte passionne autant qu'il inquiète. Pour la première fois, des commerçants ont eu l'idée d'en tirer profit avec des savons de leur conception. Le début d'une histoire d'amour entre business et activité sismovolcanique comme à La Réunion ?

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Du savon et un moule à glaçons pour un produit éruptif à souhait

Dans la boutique de savons artisanaux SMO Cosmétique à Mamoudzou, une pierre ponce, posée sur une étagère, semble détoner avec les alignements de savons et autres shampoings solides. S’il évoque l’histoire volcanique de Mayotte et en particulier le volcanisme explosif de Petite Terre, ce bout de caillou ultraléger est aussi l’ingrédient clé d’un des produits de la boutique… qui développe toute une gamme de savons inspirés du volcanisme actif au large de Mayotte.

Véronique Rambouillet présente les petits savons exfoliants à la pierre ponce, en forme de petits pieds noirs, comme la roche volcanique.

Véronique Rambouillet gère la boutique avec Johnny Rambouillet, son époux. « Ce nouveau volcan ça nous passionne ! » embraye Véronique Rambouillet. « Tout a commencé aux Badamiers où on était allés se baigner, se souvient son mari. Tout à coup on a vu des cailloux qui flottaient autour de nous. Dans la foulée on s’est dit pourquoi faire un savon avec ce nouveau produit qu’on a trouvé ? »

« On en a ramassé et on les a pilés, on en a fait une poudre très fine comme de la farine » décrit Véronique. « On avait déjà une recette de savon exfoliant mais il nous manquait l’exfoliant, ça a fait tilt c’était tout trouvé ! »

« Ensuite c’est vrai qu’avec ce volcan, on a tous vécu les tremblements de terre, et ça a nourri notre imaginaire. On a créé celui-là » poursuit la commerçante en montrant un autre savon dont les couleurs en coupe montrent un dôme volcanique. « Pour le nommer on a cherché le nom du nouveau volcan. Ca a été toute une affaire car il n’a toujours pas de nom ! Le conseil départemental avait lancé un concours dans les écoles, 10 noms de volcans ont été proposés et ça n’a jamais abouti de ce qu’on sait. Du coup on a choisi le nom qu’on voulait parmi les 10 noms, à savoir MayDzaha, ce qui veut dire volcan de Mayotte. » Deux produits dérivés étaient nés.

Une opportunité à saisir

De simples couches de savon coloré pour former un volcan inspiré de l’activité sismovolcanique !

Le troisième, à la fois « le plus simple à produire » et, avec sa coulée de lave rouge, le plus abouti visuellement, est une création toute récente puisqu’il a rejoint l’étal de la petite boutique il y a moins de deux semaines. Il sera proposé pour la première fois au marché artisanal de Coconi ce samedi, puis pendant deux semaines au comité de tourisme pour la boutique éphémère des artisans locaux.

Ironie de l’histoire de ce produit  » à la base j’avais acheté le moule pour en faire des glaçons ‘iceberg' » raconte la commerçante-artisane, « et quand j’ai vu cette forme je me suis dit que ça ressemblait à un volcan, là encore ça a fait tilt et le savon volcan glycérine est sorti de cette manière ! »

Les premiers retours de clients sont positifs assure Johnny Rambouillet qui en a vendu quelques uns à des clients au départ pour la métropole. « Quand on dit que c’est le nouveau volcan de Mayotte, ça fait une idée de cadeau ! ». Le producteur-commerçant regrette toutefois que cette thématique soit encore peu utilisée comme outil marketing sur l’île. « On n’en entend pas beaucoup parler en termes de réalisations… »

Le couple d’artisans a nourri son imaginaire avec l’activité volcanique, et en a tiré des produits originaux

« Ce volcan qui est né sous nos pieds, ça a nourri notre imaginaire » sourit toutefois la co-gérante de la boutique. « Ca nous a impressionnés ». Pour le couple, d’autres produits dérivés pourraient bien voir le jour. « On pourrait voir le volcan de Mayotte en tee-shirt par exemple, comme à La Réunion à chaque fois qu’il y a une éruption, mais il faudrait encore que ce volcan soit enfin nommé ! »

Un état d’esprit qui rejoint celui défendu par le JDM depuis la découverte de l’édifice de 800m d’altitude découvert au fond de l’océan en 2019 : puisque des scientifiques du monde entier ont les yeux rivés dessus, il appartient aux Mahorais de s’en saisir comme d’une chance, pour le tourisme, pour le commerce. Nul doute que d’autres commerçants saisiront bien vite ce créneau.

Y.D.

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