Dès l’arrivée au pôle d’excellence rurale de Coconi, les effluves de vanille caressent nos narines. C’est en effet dans la cour du PER que se trouve le nouveau séchoir, inauguré en grande pompe par l’association Saveurs et senteurs de Mayotte vendredi dernier. Ce nouvel outil, qui n’est autre qu’un conteneur recyclé et aménagé sur mesure, offre une surface maximale de 50m2 pour la vanille. Ce sont ainsi 1750 kilos de gousses qui peuvent désormais être entassées et séchées. « Nous n’avions qu’une capacité de 300 kilos, ça n’était pas assez, précise Julie Moutet, coordinatrice de Saveurs et senteurs de Mayotte. Nous sommes fiers d’avoir cet outil. Il répond parfaitement à nos attentes et marque un véritable changement d’échelle. »
Le séchage, dernière des étapes de la transformation de la vanille, permet à celle-ci de perdre environ cinq fois de son poids par rapport à la récolte. Les rayons UV du soleil, auxquels les gousses sont exposées 1h30 à 3h par jour, permettent aussi leur désinfection. Pour l’inauguration de ce grand séchoir à tiroirs, de nombreuses personnalités locales
étaient présentes, parmi lesquelles Saindou Attoumani, fraîchement élu conseiller départemental de Ouangani, et Youssouf Ambdi, maire de la commune du centre. Celui-ci, après avoir défendu que « Ouangani est l’un des territoires les plus agricoles de Mayotte », a chaleureusement remercié Chadhuili Soulaimana. « C’est un grand changement pour la filière vanille à Mayotte, s’est félicité le président de Saveurs et senteurs de Mayotte. Les jeunes Mahorais peuvent espérer à nouveau vivre de la vanille. »
750 kilos de vanille verte récoltés cette année
Car l’acquisition de ce nouvel outil est loin d’être une fin en soi. L’objectif est effectivement de fédérer encore plus de producteurs, actuellement au nombre de 26, autour de l’association. Avec des prix planchers fixés à 35 euros les petites gousses et 50 euros pour les grandes, Saveurs et senteurs de Mayotte peut se targuer de faciliter la tâche des cultivateurs. « La structuration de cette filière nous soulage énormément, affirme Siaka Daouirou, producteur de vanille à Poroani. Cela nous permet de sauter l’étape de la transformation. Ce n’est pas plus rentable mais plus rassurant, nous savons que nous
aurons des revenus. Avec l’ancien système, nous perdions plus de temps et n’étions pas sûrs de tout vendre au final. »
Cette année, 750 kilos de vanille verte ont été récoltés, contre 65 en 2018, première année d’action de l’association. Un beau total qui promet encore d’augmenter dans les années à venir, tout comme le nombre de producteurs vendeurs. Et, pour continuer d’unir cette grande famille, Chadhuili Soulaimana a annoncé une grande fête de la vanille les 8 et 9 octobre prochains, toujours à Coconi. De quoi pérenniser ce produit typique mahorais, qui continue de rafler des prix à chaque fête de l’agriculture.
Axel Nodinot